Un médicament qui tue des gens en vente libre, comment était-ce possible ? Ou plutôt comment est-ce possible ? Il faut dire que cette histoire ne date pas d’hier comme le rappelle l’excellent article du Monde.fr. L’interdiction des apparentés de ce médicament s’était faite il y a plusieurs années aux Etats-Unis, puis en France, sauf pour celui-ci qui a été mis en vente après les interdictions. Vous n’avez pas tout suivi ? Peu importe, l’essentiel à mon sens n’est pas dans ces affaires de loi.
L’essentiel de la question où est-il ? Deux problèmes : ceux qui consomment les médicaments et ceux qui les vendent.
J’ai toujours été très impressionnée par les chiffres de consommation des médicaments en France, c’est comme si les gens voulaient prendre des médicaments, à la limite contre n’importe quoi, du moment que ça va mieux après. Avant même de faire médecine, j’ai toujours été réticente à prendre un cachet au moindre rhume, au moindre symptôme, il faut vraiment que je sois sûre du diagnostic et de l’absence d’autre moyen moins nocif pour que je me dirige vers la pharmacie ou vers une ordonnance. Maintenant que j’ai un tant soit peu apprivoisé la nomenclature des substances qui les composent, j’ai encore moins envie d’en prescrire à mes patients.
Soyons clairs, je n’ai rien contre les médicaments, c’est certain qu’ils sauvent des vies lorsqu’on sait les utiliser, mais je dis surtout que la prudence reste de mise avec les laboratoires qui jouent les apprentis sorciers en attendant de voir ce qui se passe après la mise sur le marché de leurs médicaments. Ils me font penser à des enfants qui ne peuvent intégrer le sens du mot responsabilité. Tant qu’ils n’ont pas à les consommer eux-mêmes, tout va bien.
Après, à propos d’apprentis sorciers, je renvoie la balle aux patients, aux gens qui harcèlent leur médecin pour avoir à la fin de chaque consultation un médicament « mais vous ne me prescrivez rien docteur ? ». En répondant non, je m’attends toujours à voir le patient bondir et me menacer avec mon marteau réflexe en hurlant « l’ordonnance ou la vie ! ». Non… dans beaucoup de situations il n’y a pas besoin de médicaments vendus par des laboratoires pour guérir, quelques conseils d’hygiène de vie, et il y aura beaucoup moins d’effets secondaires.
Vous pourriez me répondre à propos des traitements comme le médiator « les gens prennent ces médicaments parce que c’est leur médecin qui leur a dit de les prendre ». Oui enfin, vous m’excuserez mais quand quelqu’un n’a pas envie de suivre un traitement, que son médecin le lui ai demandé ou pas, il ne le prendra pas (et je ne parle parle pas du paracétamol, mais de traitements lourds). Donc bon, souvent oui, mais pas tout le temps.
Ne laissons pas les médecins en reste, car eux aussi, ils ne sont pas neutres dans l’affaire. Sans entrer dans le débat de ceux qui « vendent leur âme » à des laboratoires, ce qui est plutôt une affaire entre eux-mêmes et leur conscience, on peut dire qu’ils manquent un peu de critique. Bien entendu un médecin ne peut pas vérifier chaque information fournie par ses relais de presse (univadis, le quotidien du médecin etc.) mais il serait bon qu’ils arrêtent de prescrire comme si ils n’étaient pas concernés en jouant eux-même les apprentis sorciers avec leurs patients. Avoir un peu de recul en se demandant si on accepterait de prendre soi-même un médicament « polémique » ou sur lequel il y a eu des « preuves de désinformation » de la part des laboratoires est peut-être un bon exercice à mon sens. D’ailleurs, c’est étrange comme souvent les positions de ces mêmes médecins changent lorsque ceux-ci déclarent leurs premiers « sérieux » problèmes de santé après des années de vie et d’expérience ; un soupçon de tolérance et de compréhension peut apparaître… pourvu qu’il grandisse !