Les patients : J’ai encore loupé mon suicide ! On peut penser suite à cette première approche, que le suicide par intoxication médicamenteuse volontaire ne fait pas courir grand risque. Pas si sûr. Tout irait bien si la médecine disposait d’antidotes pour tous les médicaments. C’est le cas pour la grande majorité, mais cela est sans compter la pratique car souvent, le temps que la personne soit retrouvée par les proches puis que le SAMU arrive, il s’écoule un certain nombre d’heures. Pour peu que vous ayez pris autre chose que du Xanax ou autre benzodiazépine, il y a déjà des lésions de vos organes vitaux qui se sont créées. Ce n’est pas parce que l’on ne meurt pas qu’il n’y a pas de conséquences ! Un médicament issu de l’industrie pharmaceutique reste une drogue et aura toujours des effets secondaires. Dans les faits, vous pouvez rencontrer diverses situations selon les médicaments absorbés ou injectés mais les principes sont communs.
Sachez ceci : de base, votre organisme ne veut pas mourir. C’est bien pour cela que vous tentez de vous suicider non ? Vos cellules sont programmées pour rester en vie le plus longtemps possible tant qu’elles sont en forme, ce qui crée de prime abord une discordance entre votre intérêt et celui de votre corps. En imposant à l’organisme un nombre inhabituel de toxiques chimiques (alias les médicaments) vous créez des blessures internes de vos organes qui continuent à se battre. A partir de là, soit les secours arrivent et récupèrent votre vie efficacement, soit ils arrivent trop tard et vous pouvez vous retrouver dans une situation intermédiaire, à propos de laquelle je tiens à vous éclairer.
Un bon exemple de situation intermédiaire est l’intoxication au paracétamol (Doliprane, Efferalgan etc.) ; médicament facilement accessible et facilement utilisé, notamment par les adolescentes dépassées par les événements. Au-delà de 4 grammes par jour, il commence à être sérieusement toxique pour votre foie, alors avec deux boîtes avalées en une fois, vous êtes sûr de le tuer. Le tuer, ça veut dire faire exploser toutes ses cellules, qui elles-mêmes vont libérer un nombre considérable d’enzymes ou autres protéines qui vont littéralement aller boucher vos reins, qui par la suite vont également mourir. Très sympathique. Si un jeûne, de l’alcool ou un autre médicament tiré au sort y est ajouté, le cocktail est plus que dangereux, dès lors qu’un délai de quelques heures avant l’administration de l’antidote est dépassé.
Laissez-moi vous illustrer mes propos par deux histoires trop fréquentes. Situation 1 : Mlle V, 15 ans, est totalement déprimée, son copain l’a quittée, ses notes ne sont pas à la hauteur des espérances de ses parents et pour couronner le tout, son oncle a essayé d’abuser d’elle et elle ne peut en parler à personne. Situation 2 : Monsieur W, 35 ans vient d’apprendre que sa femme voulait divorcer après 14 ans de mariage, c’est la fin du monde et ce n’est pas gérable, d’autant plus qu’avec son allocation chômage il n’arrive pas à payer ses factures, alors si en plus elle part… Tous deux, Mlle V et monsieur W, pour des raisons différentes, ont cette même idée désespérée de prendre dans la pharmacie familiale un mélange pas très savant de tout ce qui leur tombe sous la main, paracétamol, aspirine et je vous passe le reste ; accompagné d’une bonne dose d’alcool pour monsieur W. Huit heures après, chacun est retrouvé inanimé, baignant optionnellement dans du vomi, puis transféré en réanimation. Entre temps, malgré les mesures vitales mises en route, leurs foies ont été touchés et les lésions ne sont pas réversibles malgré l’antidote. Mlle V et monsieur W se réveillent tous deux intubés, ventilés par le respirateur, possiblement attachés et quelque peu fatigués. De là, les médecins leur racontent ce qui s’est passé et sont dans le désarroi de leur annoncer qu’ils sont en insuffisance hépatique sévère, autrement dit que leur foie est en train d’agoniser et qu’en raison de la pénurie d’organes à greffer, ils seront morts dans 48 heures. C’était pourtant juste un appel à l’aide… qui se finit en suicide involontaire.
La conclusion de cette histoire n’est pas de vous expliquer comment vous suicider en une leçon, mais plutôt de vous sensibiliser au pouvoir que vous avez sur vous-même, quel que soit le médicament. Après un acte comme celui-ci même raté, vous n’en sortirez pas indemne.
Retenez ce point : il n’y a pas de « petit médicament » en médecine, tout peut-être dangereux, surtout en association dans un mélange douteux.
… ne ratez pas la 3ème et dernière partie de cet article… dimanche 5 décembre !