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Jeudi 17 juillet 2014

A propos de l'auteur

Bonjour et bienvenue ! Je m’appelle Ludivine, je suis interne en médecine générale et future généraliste. A travers ce blog, j'aimerais à la fois vous transmettre l'essentiel des bases pour bien comprendre votre corps et vous aider à mieux apprivoiser la logique du monde médical.

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Analyse situationnelle n°3 : l’archétype du chirurgien

Savez-vous qu’il existe un “archétype du chirurgien” ? Connaissez-vous leur principal défaut ? Venez découvrir cette analyse situationnelle mémorable d’une scène au bloc opératoire. C’était il y a deux semaines, lors de l’opération d’un cancer.

 

1. L’histoire

Matinée en salle d’opération dans le cadre d’un stage d’un mois en anesthésie  (ceux qui endorment les patients pour les opérations et les surveillent une fois endormis). Ce jour là, le chirurgien était le chef de service, un professeur. Assez jeune, la quarantaine, il devait opérer le patient en cœlioscopie, c’est à dire que les outils (ciseaux, pinces, caméra…) sont introduits dans le ventre par de petites entailles de 2-3 cm. Cela permet d’éviter les grandes cicatrices et diminue le temps d’hospitalisation car on récupère plus vite, c’est moins “traumatisant“ pour le corps.

Le patient est endormi, préparé pour l’opération. L’ambiance est calme. Le chirurgien arrive, adresse un vague bonjour, se prépare et commence l’opération. Il est assisté d’un interne et de l’instrumentiste (la personne qui lui donne les pinces, compresses…). Dès le début, on sent qu’il y a une tension. Le chirurgien ne parle presque pas, souffle, et commence à s’impatienter sans raison apparente.

Puis, le chirurgien demande à éteindre la lumière pour mieux voir sur l’écran. De mon point de vue, les choses se déroulent plutôt bien. Il s’agit d’enlever une petite tumeur de 1 cm sur un côté du rein, en coupant large, pour être sûr d’avoir tout enlevé. Le rein est bien en vue, il ne reste plus qu’à enlever la graisse qui le protège pour accéder à la tumeur. Puis, sans raison :

Chirurgien (à l’interne) : recule avec la caméra… mais NON ! Mais c’est pas possible, je t’ai dit de RECULER comme ça !

Moment de silence, l’interne se fige avec sa caméra sans répondre. Deux minutes après, tension toujours palpable, le chirurgien demande à l’aide opératoire (une jeune femme) de lui brancher un appareil.

L’aide opératoire : … on ne l’a pas.

Chirurgien : COMMENT CA vous ne l’avez PAS ?

L’aide opératoire : ben c’est le professeur X qui l’a pris…

Chirurgien (explose littéralement) : MAIS C’EST QUOI CE BORDEL ! VOUS SAVIEZ QUE J’AURAIS BESOIN DE CET APPAREIL ! J’EN AI TOUJOURS BESOIN POUR CETTE OPERATION !

L’aide opératoire (tente une justification) : … mais c’était écrit sur le tableau du programme du bloc opératoire qu’il l’avait pris…

Chirurgien : MAIS QU’EST CE QUE J’EN AI A FOUTRE QUE CE SOIT ECRIT SUR LE PROGRAMME ! VOUS CROYEZ QUE JE REGARDE LE PROGRAMME MOI ! OH PUTAIN ! J’EN AI MARRE !

Aide opératoire : … vous voulez que j’aille le chercher… ?

Chirurgien : MAIS NON PUISQU’IL L’UTILISE ! PUTAIN… C’EST PAS POSSIBLE…

Il reprend le cours de l’opération, et une minute plus tard (notez bien pour la suite)

Chirurgien (marmonnant pour lui-même) : sur le tableau… n’importe quoi… pas d’appareil disponible… Pff…

Deux minutes plus tard à l’instrumentiste qui tenait à son tour la caméra : ET VOUS LA ! MAIS PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! MAIS C’EST QUOI CETTE MERDE ! JE VOUS AI DEMANDE DE TENIR CETTE CAMERA SANS BOUGER, C‘EST QUAND MEME PAS COMPLIQUE NON ! RHAAA J’EN AI MARRE !!!

L’instrumentiste n’osait plus bouger, comme tout le reste du personnel. Ca a continué sur ce ton pendant toute l’opération avec la lumière qui n’était pas bien orientée, les instruments qui ne venaient pas assez rapidement. On a également eu droit à un véritable “trépignement” du chirurgien après une autre contrariété liée à l’interne.

2. Analyse technique

D’un point de vue technique, mis à part le fait que mes compétences soient relativement limitées en chirurgie, l’opération a été un succès. La tumeur a été retirée comme prévu. On ne peut pas dire que c’est “un mauvais chirurgien” l’objectif a été atteint, mais à quel prix pour son équipe ?

3. Analyse relationnelle

Remarque 1 : pas de communication. Durant toute l’opération, seul le chirurgien parlait ou plutôt râlait. L’interne, l’instrumentiste et les autres étaient terrorisés et n’osaient pas répondre. Lors de l’arrivée du chirurgien dans la salle, celui ci aurait dû faire un “check up” avec le reste du personnel, vérifier que l’appareil était bien présent etc. Cela lui aurait évité de s’énerver en pure perte par la suite.

Remarque 2 : la terreur ou le tyran. Hurler sur les gens n’a jamais permis de régler un problème plus vite et plus efficacement. Au contraire, les gens sont totalement glacés par la peur et deviennent incapables de réfléchir et d’agir correctement.

Remarque 3 : la vulgarité. L’enchainement des jurons et autres “gros mots” était assez impressionnant et n’apportait rien de constructif à la situation.

Remarque 4 : le mépris du personnel. Après un tel traitement, difficile de garder une bonne ambiance au sein de l’équipe de travail. Comme j’étais surprise de cette scène, j’ai demandé à l’infirmière anesthésiste si ce comportement était exceptionnel ou courant. Elle m’a répondu qu’il était connu “comme le loup blanc pour ses crises de colère” et que “tu vois, ils se disent chirurgiens, font les beaux dans les cocktails et les réceptions avec costard cravate. Mais quand tu les vois dans la vraie vie se comporter comme ça… c’est honteux”.

Remarque 5 : l’absence de self control. Pourquoi contrôler ses émotions et contenir sa colère lorsque l’on peut utiliser l’agressivité ? Dans cette situation, on assiste directement à un passage dans la colère à la moindre contrariété. Pas de dialogue possible. Si la demande n’est pas satisfaite, la punition est immédiate. On retombe ainsi dans les mécanismes des tyrans.

Remarque 6 : ressassement des idées. Après avoir appris que l’appareil en question n’était pas disponible, au moins une minute de silence s’est passée. Dans mon esprit, affaire classée, de toute façon pas de possibilité d’obtenir cet appareil. Donc, on fait autrement. Mais non, pour le chirurgien, une minute après, son cerveau tournait encore en boucle sur cette idée de “personne m’a dit qu’il n’y avait pas l’appareil”. Durant ces instants, il ne pouvait pas être concentré sur ses actions vu qu’il était obnubilé par ses pensées.

4. Mon point de vue.

Mis à part le traumatisme de mes tympans suite à ces hurlements incessants, ce fut une expérience très instructive… mais aussi terriblement déprimante et ceci pour trois raisons :

Le manque de confiance du chirurgien

Evidemment, ce genre de comportement ne se produit pas par hasard. Les tyrans ont besoin de l’être car ils sont terriblement anxieux, et ne connaissent pas d’autre moyen de se rassurer qu’en voyant les autres encore plus fragiles qu’eux-mêmes. Il était d’ailleurs intéressant de noter à quel point ses mains tremblaient lors des gestes ; tremblement qui trahissait son réel état d’esprit. Dans le même esprit, toutes les demi-heure il jetait un œil au scanner du patient. Les années de pratique derrière lui n’ont semble-t-il fait que renforcer cette peur de l’échec et les mécanismes de défense qui l’accompagnent. Au-delà de la colère et de la violence des mots, se dessine surtout la détresse et l’incapacité à se comprendre que présente ce chirurgien. Bien entendu on ne peut pas être parfait, mais à partir du moment où l’on se voit confier la responsabilité de la vie d’une personne, je pense qu’il devient nécessaire de réussir à régler, voire simplement à contrôler ses principaux troubles de personnalité. La situation est d’autant plus triste, que son cas n’est pas du tout désespéré, mais un tas de problèmes d’ego et de souci de performance l’empêchent de s’autoriser à demander de l’aide.

Les conséquences sur les autres humains

La chirurgie étant un travail d’équipe, maintenir des comportements incontrôlables peut avoir des conséquences sur le reste des participants. Une fois de plus, les conséquences de ces attitudes tyranniques sont sources de “séquelles” et d’état de stress sur le reste du personnel qui en vient à développer des stratégies de défense. Ainsi, en questionnant l’infirmière, j’ai pu apprendre qu’il y avait déjà eu de la part de ce chirurgien, des insultes, des jets d’objets par accès de colère et des pleurs de la part des assistant(e)s, à bout de nerf. Certains membres du personnel ont également refusé de pratiquer des opérations avec ce chirurgien en raison du stress occasionné. A partir du moment où la personnalité qui pose problème est celle du “chef des opérations”, le chirurgien dans ce cadre, on ne peut plus dire que “son comportement ne le regarde que lui”. Les conditions de travail, voire de vie des autres membres de l’équipe sont également en jeu.

Désarmer le tyran

Quelques jours plus tard, alors que je me demandais comment d’enrayer ce genre de comportement, j’ai eu un excellent élément de réponse. Autre opération, même chirurgien mais pas d’interne, à la place un assistant opératoire (un homme) en plus de l’instrumentiste. C’était une configuration très intéressante, car à chaque fois que le chirurgien débutait un accès de colère en accusant l’assistant opératoire, celui ci osait lui répondre et se défendait à juste titre. Le résultat était que le chirurgien était obligé de réorienter sa pensée sur la nouvelle remarque de l’assistant plutôt que de ressasser sa colère. Le mécanisme d’auto-entretien était donc bloqué et la colère s’estompait. Illustration :

Chirurgien (une pince se ré-ouvre) : AH MAIS NON ! JE VOUS AVAIT DIT DE NE PAS TOUCHER LA PINCE !

Assistant : je ne l’ai pas touchée, elle était simplement mal fermée !

Chirurgien : oui… bon, bon…

J’étais très étonnée de voir la puissance de ce simple élan de répondant. Un mécanisme de réassurance est probablement en jeu. Le chirurgien s’angoisse en voyant un élément lui échapper (la pince qui s’ouvre), il panique donc il enclenche ses mécanismes d’agressivité mais à ce moment l’assistant lui répond par la négative (non, vous avez tort). La défense et l’assurance de l’assistant apportent d’une part une réponse à l’angoisse du chirurgien (enfin je ne suis pas seul) et d’autre part annulent l’auto-entretien de la colère en bloquant le « ressassement ». Au final, la situation psychique du chirurgien s’apparente à une demande d’être rassuré, très, très mal formulée.

5. Conclusion

En un sens, l’archétype du chirurgien est un peu celui d’une personne qui n’est de base “pas fan” des aspects psychologiques des humains. La technique est ce qui l’intéresse et il n’est pas mauvais en cela. Seulement, le calcul est faussé dès le départ car la médecine, s’occupe uniquement des êtres humains… qui possèdent tous un psychisme. Faire de la chirurgie, malheureusement peut-être plus qu’ailleurs, c’est justement devoir négocier avec les angoisses des patients qui ne vous confient pas leur corps, mais toute la représentation mentale qu’ils ont de celui-ci. “Comment vais-je être après l’opération ? Serais-je toujours le même ?” autant de questions qui reviennent sans cesse et que les chirurgiens n’aiment pas, car elles sont justement tout ce qu’ils voulaient éviter.

Maintenant que vous avez lu l’article, je vous propose de réfléchir aux opérations que vous avez pu avoir dans votre vie. Comment se sont-elles déroulées, avez-vous senti que votre chirurgien était à l’aise avec vos angoisses ou cherchait-il plutôt à les éviter ? Pensez-vous qu’il soit utile pour un chirurgien d’apprendre à se contrôler un minimum ? D’apprendre à développer ses capacités d’écoute et d’empathie ? Ou pensez-vous qu’être un bon technicien suffise ? Faites-nous partager votre point de vue et votre expérience dans les commentaires juste en dessous.

 

 

Crédit photo : istockphoto, Christiana Care, Jackol



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21 Réponses de “Analyse situationnelle n°3 : l’archétype du chirurgien”

  1. J’ai été opérée des dents de sagesse sous neuroleptique quand j’avais 13 ou 14 ans, une opération de routine, d’autant plus que mes parents m’avaient emmenée exprès auprès d’un praticien spécialisé dans ce type d’intervention. Mais l’anesthésie n’a pas bien fonctionné, et le chirurgien a du arrêter à la 3ème dent (il était prévu de retirer les 4 d’un coup). Eh bien il a passé une bonne partie de l’opération + la visite post opératoire à se plaindre de mon manque de coopération !! Comme si c’était ma faute si l’anesthésie avait mal fonctionné, et comme s’il n’était pas naturel que je supporte difficilement l’opération dans ces conditions ! Petite adolescente timide je n’ai rien répondu mais je n’en pensais pas moins…

    • Ludivine dit :

      Tiens, cette réaction me rappelle quelque chose… ! Si la technique n’était pas reine, il aurait peut-être pu te faire une petite anesthésie locale au milieu de l’intervention pour te soulager et lui permettre de finir l’extraction dentaire. Cela lui aurait évité de se plaindre après et en plus il aurait été tout fier de lui d’avoir rattrapé la situation.
      De mon côté je me souviens de mon opération des végétations, à 5 ans, je n’étais pas du tout contente. Après l’opération, je me suis réveillée seule dans mon lit à barreaux, dans un couloir vide, couchée sur le ventre et en relevant la tête, il y avait du sang qui avait coulé de mon nez sur mon lit. J’étais super fâchée qu’aucun médecin n’ai pris le soin de me prévenir que j’allais me réveiller dans cet état et avec du sang. Franchement, ce n’est pas parce que je n’avais que 5 ans qu’il n’y avait pas besoin de m’informer ! Depuis je garde toujours ce souvenir en mémoire pour me rappeler à quel point les acquis des médecins peuvent énerver les patients (quel que soit leur âge…)

  2. Maman Panique dit :

    Toujours dans le dentaire, je me suis déjà fait engueuler copieusement par le chirurgien-dentiste qui prenait mes empreintes pour une prothèse. Pas possible de répondre avec la pâte en bouche, et le chirurgien de s’emballer et d’en rajouter une couche toutes les 2 mn…
    Je n’ai rien dit en partant car c’était le seul praticien que je pouvais me permettre financièrement.

    J’ai aussi l’expérience désastreuse d’un gyneco qui, en me posant un implanon, s’est trouvé en difficulté, l’a posé trop profond (et donc bien au-delà de l’effet anesthésiant du patch, bonjour la douleur). Je me mordais les lèvres pour ne rien dire, pendant que lui a passé 10mn à vociférer qu’il détestait ça. J’ai quand même dû passer au bloc pour enlever ledit implant 10 mois plus tard.

    Un vrai bonheur… bonjour la confiance et la détente du patient, encore heureux qu’il ne s’agissait de rien de grave!

  3. Claire dit :

    Bonjour,

    Je suis infirmière dans un service de chirurgie en CHU, alors des chir, j’en croise tous les jours même si ce n’est pas au bloc.
    Sans vouloir noircir le tableau, je rajouterai ceci au portrait : le chirurgien est généralement peu présent envers ses patients (les voit peu avant, et quasiment pas après l’intervention, on a l’impression qu’une fois que le geste opératoire est fait, il n’y a plus rien d’important à faire chez le patient).
    Quand il daigne s’approcher du patient, c’est en général pour lui asséner un diagnostic et s’enfuir avant qu’on ai eu le temps de lui poser la moindre question… Et plus le chir est ancien et « gradé », pire c’est.
    Bien sur, il y a quelques exception mais il s’agit en majorité d’internes, qui basculerons surement dans ce mode de fonctionnement.
    Bref, la légende du chir qui ne voit que l’organe à opérer et pas le patient en entier n’en est pas une pour moi.
    En espérant que ça se passe différemment ailleur…

    • Ludivine dit :

      Bonjour Claire, merci pour ton commentaire qui apporte – malheureusement – encore un peu plus de réalité à cette tendance des chirurgiens. Comme pour l’ensemble des spécialités médicales on prend « le pli », on reproduit ce que l’on voit, d’autant plus que l’on est jeune, d’autant plus que l’on ne sait pas « comment être » avec les gens et d’autant plus que l’on a envie de se faire accepter par ses pairs.
      Plus mes observations avancent et plus je tends à penser que le fait de ne pas insister ni même enseigner comment gérer « la relation à l’autre » est la source de nombreux conflits intrapsychiques et avec les autres humains chez les médecins. Certes les spécialités de médecine générale et de psychiatrie développent probablement plus cet aspect, mais qu’en est-il des autres ? Tous les médecins sont pourtant en contact avec d’autres humains et doivent gérer les émotions qu’on leur renvoie.
      Les aspects que tu abordes concernant le suivi, je les ai également constatés. Ta remarque sur les internes m’a rappelé une infirmière de bloc qui me disait que l’interne de ce chirurgien était pour le moment bien calme avec le chef mais que dès qu’il était « seul » pour une opération, il reprenait les mêmes réflexes que son « maître ». Comme si c’était le seul moyen de se faire écouter. De fil en aiguille, je crains qu’il n’y ait que peu de chances que ce soit différent ailleurs.

  4. Karine dit :

    Waouuuuuh vachement rassurant de se faire opérer par de telles personnes!
    Le mieux est donc de faire très attention à sa santé pour éviter d’être entre les mains de ces chirurgiens.
    J’ai bien apprécie l’explication sur le mode de fonctionnement du tyran.
    Ça me donne des outils pour une relation que je vis actuellement.
    Donc tout simplement merci pour cet article très instructif.

  5. Très intéressante conclusion qui ne fait que renforcer inévitablement mes convictions intimes sur l’implant cochléaire, le plus important point de discorde dans la communauté Sourde…..

    Que vous dire de plus? Je suis plus frustré et plus triste que jamais, quand je pense aux enfants sourds « à faire réparer »… Je pense de plus en plus qu’on devrait interdire aux O.R.L de tout genre, le conseil de l’implant cochléaire car en ce moment, la plupart ne voit que l’oreille et non l’enfant entier !

    Bref, bref… tu sais tout ça puisque tu as écrit un excellent article à propos du dépistage ultra-précoce de la surdité.

    Sinon, je peux quand même rassurer les personnes qui lisent le terrifiant article sur les chirurgiens qu’il en existe quand même des très bien en matière de relations humaines…. Je ne l’ai jamais vécu… Je touche du bois ! Par contre, mon épouse en a vu de toutes les couleurs !…..

  6. Je suis passée un certain nombre de fois sur le billard, mais n’ai pas trop eu à me plaindre des chirurgiens : ils sont toujours passés une fois pour le service après-vente, comme l’explique Claire. J’aurais juste bien aimé discuter avec celle qui m’a fait ma troisième césarienne et m’a dit : « C’est tout collé là-dedans, il faut arrêter. » Parce que sur le compte-rendu opératoire il n’y avait aucune mention à l’état de mon intérieur. Je n’ai pas eu le réflexe (on est un peu naze après une d’intervention) de lui dire : « C’est bien pour ça que je vous avais demandé une ligature des trompes. » (qui m’avait été refusée avec un ricanement presque méprisant).
    Le seul chirurgien entre les mains de qui j’ai été contente de ne pas passer, c’était un exécuteur de thyroïdes. J’avais une grosseur sur la thyroïde, je venais pour un avis, il m’a répondu en me demandant de choisir la date de mon intervention. J’ai choisi une date assez éloignée, ce qui m’a laissé le temps de consulter une endocrinologue qui a cherché à comprendre ce qui m’arrivait. Et grand bien m’en a pris, parce que c’était probablement un hématome que je m’étais fait en toussant violemment. Et dire que super chirurgien n’aurait pas vu d’inconvénient à me condamner à prendre des médicaments pour le reste de ma vie…

    • Ludivine dit :

      Merci pour le fou-rire avec « c’est tout collé là-dedans, il faut arrêter » mais… qui a été suivi d’un état dépressif quant à l’effet indélébile que peut avoir ce genre de phrase. Pour la ligature des trompes, je reste en revanche dubitative. Certes, le délai de réflexion est de 4 mois, mais sauf élément qui échappe à ma perception, une femme qui a déjà eu des enfants, ne peut pas se voir refuser d’emblée le droit à la ligature des trompes. Je ne sais pas si tu as eu gain de cause, mais tout de même, c’est surprenant et je ne vois pas en quoi le ricanement était pertinent suite à la question.
      Pour la thyroïde, un commentaire est-il même nécessaire, ce chirurgien n’avait-il pas fait une échographie avant ? Ni même un bilan de base, par curiosité ? C’est tout de même mieux de savoir ce que l’on va opérer, non ? Enfin j’imagine qu’ils l’auraient découvert lors de l’examen de la thyroïde post-opératoire par l’anatomo-pathologiste (celui qui s’occupe des organes/tissus retirés et les analyse pour savoir où était le problème) et se seraient dit m****. Impressionnant tableau de chasse si j’ose dire. Bonne intuition en tout cas.

  7. la belle bleue dit :

    Je te rassure, je n’ai pas été affectée par la réflexion sur le « c’est tout collé là-dedans », mais ça aurait pu en effet. Pour le refus catégorique de ligature de trompes, il a été pris unilatéralement par le médecin à qui j’ai osé en parler, et à mon avis elle n’en a même pas discuté avec ses collègues. Pour leur décharge, il faut dire qu’ils ne me connaissaient pas, je venais d’arriver en urgence avec une fissure de la poche des eaux. J’ai tenu 5 jours avant que les contractions reprennent de façon incontrôlable et que mon bébé naisse avec deux mois d’avance. (voir le lien vers mon blog)

  8. valerie dit :

    une 15ene d’opérations en tout et le constat est que le patient n’existe pas aux yeux du chirurgien.

    Nous ne sommes que des bouts de viande.

    Exemple : J’arrive au bloc et à peine un bonjour du chir.
    Ensuite, il parle avec ses collègues (lui au moins leur parle) de ses vacances sur son bateau en Corse du sud sans même m’adresser un regard.

    Par contre, les infirmières sont remarquables et emplies d’humanité hommage à leur profession.

    • Ludivine dit :

      Je ne peux une fois de plus que confirmer ces attitudes. D’autres patients ne voient même pas le chirurgien, qui demande à être bipé après l’endormissement (l’induction) du patient. Les infirmières anesthésistes sont trop souvent les seules qui osent prendre en compte ce que peut ressentir le patient à ce moment là et tenter de rassurer en mettant un peu d’humanité dans toute cette technique. Certes un chirurgien ne doit pas trop se projeter au risque de ne pas pouvoir opérer, mais entre un patient endormi et éveillé, il y a une différence, non ?

  9. Pascal dit :

    Je viens de lire l’article et je retrouve pas mal choses que j’ai pu observé.
    Je suis étudiant infirmier mais j’ai été également patient lorsque je me suis fait opéré en 2008 pour un kyste sacro-coccygien. Et cet description de l’archétype m’a rappelé la froideur clinique et le melon que pouvait avoir ce chirurgien.

    En tant que futur soignant, je suis dans l’écoute plutôt active que ce soit avec le patient et/ou avec mes collègues. Pour le chirurgien, je ne suis qu’un autre morceau. Je me souviens notamment la manière dont il a enlevé mon pansement a J1 pour voir ma cicatrice, j’avais déja mal a cause de l’intervention mais là…

    Et puis faut pas oublier une chose : a partir du moment où les patients sont endormis, on ne sait absolument pas ce qui se passe pendant l’intervention. Les histoires de bloc, c’est plutôt connus dans le milieu.

  10. M.L. dit :

    Bonjour Ludivine

    Sur la psychologie des chirurgiens, je t’incite à lire le très intéressant livre « petite psychologie de la chirurgie » de Philippe Hubinois, lui même chirurgien. Ce que tu décris dans ce texte y est très bien décrypté

    Par ailleurs, l’intervention avec l’assistant est intéressante. Elle rappelle qu’en psychologie de base, on obtient plus facilement ce que l’on demande quand on donne une justification, même faible. L’exemple type est de passer devant tout le monde à la photocopieuse avec la justif suivante: est ce que je peux passer faire des photocopies avant vous parce que je dois faire des photocopies. La réponse de l’assistant relève de cette même manipulation. La pince n’est pas fermée parce qu’elle n’est pas fermée…

    • Ludivine dit :

      Bonjour M.L. et merci pour cette suggestion de lecture. C’est ajouté à ma liste d’envies sur Amazon qui ne cesse de s’allonger depuis le début de ce blog ;) . Heureusement j’ai quelques jours de vacances pour pratiquer la lecture intensive.
      PS : très sympa l’histoire des vacanciers qui décollent tous de la plage vers 18h. Ca me parle bien.

  11. coco dit :

    juste pour rire :
    quelle est la différence entre Dieu et un chirurgien ?
    Dieu ne se prend pas pour un chirurgien !!!

  12. Marion dit :

    C’est triste de voir autant de commentaires négatifs sur les chirurgiens… Je suis étudiante en médecine, j’ai récemment fait un stage en chirurgie et moi qui n’était pas très attirée par cette spécialité à la base et qui ne le suis toujours pas maintenant j’ai beaucoup changé d’avis sur les chirurgiens. Bien sur bon nombre d’entre eux se comportent odieusement, mais comme autant de spécialistes d’autres domaines qui ont des connaissances très poussées. Je suis tombée dans une équipe de trois chirurgiens dont deux particulièrement très humains et vraiment rassurants pour les patients. Jamais un mot plus haut que l’autre et ce malgré nos « erreurs » de débutants en tant qu’étudiant. Une réelle écoute et réassurance du patient en consultation préopératoire… Un chirurgien qui est conscient de ses capacités et qui se fait confiance ne se comportera pas de la façon odieuse que vous décrivez… Je vous souhaite de rencontrer des gens compétents qui vous feront un jour changer d’avis!

  13. florence G. dit :

    Je suis suivie par un chir depuis 20 ans pour une greffe… alors je connais leur personnalité. Bon le mien m’a très bien opéré mais pour le suivi ce n’est pas évident, le dialogue est difficile, cela a été tout un apprentissage, il faut savoir insister pour avoir des réponses et se faire entendre. Quitte à passer pour la pire des emmerdeuses. Ne jamais se coucher, ne jamais se contenter de réponses évasives. Je vous jure, c’est du boulot d’être malade !!

  14. Léa dit :

    Bonjour, je travaille actuellement dans un bloc opératoire dont je tairai la spécialité. Il se trouve, que le chirurgien que vous décrivez correspond parfaitement en actes et en paroles à l’un de ceux avec qui je travaille. Autrement dit, il balance les instruments à travers la salle, nous insulte, hurle…. Enfin vous connaissez l’ambiance. Hors il est arrivé il y a quelques jours, et après quelques temps de répits, que l’une de ces colères éclaté à nouveau. Il a d’abord commencé par râler parce qu’une certaine sorte de pinces ne fonctionnait pas comme il le voulait. Puis il a insulté son aide-opératoire et son instrumentiste. Entre temps, je leur ai ramené d’autres pinces. À peine les avait-il essayé qu’il les envoyait dans la poubelle, pliées en 2. Le troisième jeu que je lui ai apporté lui a permis de s’emporter une nouvelle fois. Mais cette fois ci, il a cherché à me viser, et me les a envoyer dans ma direction, en hurlant qu’on le faisait chier avec nos pinces qui ne fonctionnaient pas. Je lui ai rétorqué que je n’y pouvons rien qu’il s’en prenait a à mauvaise personne, que j’allais voir ce que je pouvais faire, et je sus sorti appelé ma cadre. Il est parti dans une colère noire, a balancé son tabouret, m’a insulté et menacé.. Sa colère n’est retombée que lorsqu’il s’est défoulé sur moi en sortant de l’opération :  » toi, la prochaine fois que ça gueule, me fait pas chier!!! ». Puis j’ai effectué une intervention en tant qu’instrumentiste avec lui, et nous ne l’avons plus entendu… Moi c’est le fait qu’il nous vise avec ses instruments, et la colère noire dans laquelle il est parti alors que je lui répondait qui m’horripilent….
    Mais ne tiens tout de même préciser que c’est un cas extrême, et pour avoir travaillé ou effectué des stages avec d’autres chirurgiens, il y en a d’autres qui sont très respectueux et du personnel qui les accompagne, et des patients.

    • Ludivine dit :

      Merci pour votre contribution Léa. Tout ceci est bien triste, avez-vous essayé de changer votre comportement afin de casser le cycle de chef/employé et de le déstabiliser ? L’opposition peut donner de bons résultats, un peu comme face à un enfant.

      • Léa dit :

        Etrangement, depuis ce jour où je lui ai simplement répondu que je n’y pouvais rien et que ce n’était pas e ma faute si les instruments ne fonctionnaient pas correctement, son comportement a changé à mon égard.Il est bien plus patient, m’explique des choses, essaye de me pousser sur mes connaissances, et j’ai l’impression (peut-être n’en est-ce pas une) qu’il me fait plus confiance en intervention.
        Est-ce-qu’il s’est finalement dit qu’il avait été trop loin ? Est-ce-qu’il s’est rendu compte que je ne me laisserais pas faire, et aurait-il pris peur (d’une plainte par exemple) ? Ou me prenait-il pour une employée, jeune et vulnérable sur laquelle se défouler, et dans ce cas j’aurais peut-être réussi à briser cette image ?
        En tout cas, je me sens également plus sûr de moi face à lui, et j’ai bien plus l’impression d’une collaboration à présent…. Affaire à suivre…. =)

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