Un dimanche après-midi aux urgences : des dizaines de personnes viennent consulter pour des entorses de la cheville. La majorité repartiront avec des conseils pour les jours à venir. En somme, beaucoup auraient pu s’éviter des heures d’attente, se soigner elles-mêmes ou attendre le lendemain pour aller voir leur médecin traitant qui les aurait tout aussi bien prises en charge.
1. L’entorse, c’est quoi exactement ?
Toute articulation est composée de deux ou plusieurs os qui s’emboitent les uns dans les autres. Pour maintenir les os face à face, tout un tas de petits ligaments qui sont comme autant de morceaux de scotch permettant de résister aux tractions. L’entorse se produit lorsqu’une articulation subit un mouvement au-delà de sa capacité d’étirement qui va entrainer une déchirure complète ou partielle des ligaments.
C’est pour cette raison que lors des entorses on ressent souvent un déchirement, un craquement à l’intérieur de l’articulation.
2. La radio aux urgences ?
Lorsque l’on va aux urgences pour une entorse de la cheville, on s’attend à ce qu’une radio soit prescrite pour voir si rien n’est cassé. Seulement, la radiographie ne permet de voir que les os, or ceux-ci ne sont jamais cassés dans une entorse, sinon il s’agit d’une fracture.
Les ligaments ne se voient pas à la radio, mais ce sont eux qui sont déchirés lors de l’entorse. On peut les voir en utilisant une autre technique d’imagerie qu’est l’échographie, mais celle-ci, sachez-le ne sera jamais utilisée aux urgences car cela ne va rien changer aux soins que l’on va vous proposer dans l’immédiat, ni à l’évolution de l’entorse.
Pour autant, on fait des radios de la cheville aux urgences, car l’hôpital a une obligation de moyens, c’est à dire que si vous venez aux urgences on est plus ou moins obligés de faire la radio… tout en sachant que dans la majorité des cas l’irradiation est inutile.
Sur la radio, le médecin recherchera des signes de fracture même minime, qui feraient envisager la pose d’un plâtre, mais au final c’est une situation qui se présente peu souvent.
3. Les signes qui doivent faire consulter tout de suite !
Même si la probabilité d’avoir une fracture est peu élevée si vous vous foulez la cheville, si vous vous prenez un coup de pied lors d’un sport, il y a des signes qui justifient totalement votre passage aux urgences dans les heures qui suivent ou chez votre médecin ne serait-ce que pour avoir un avis médical.
Consultez en cas de :
- gros bleu/hématome vraiment bien marqué et de taille supérieure à 1 cm.
- sensation de craquement, déchirement intérieur.
- impossibilité de faire plus de 4 pas dessus après une heure de repos en raison de la douleur (en essayant vraiment de poser le pied par terre).
- saignement, blessure évidente.
- déformation de la jambe et/ou du pied.
- pied froid et tout blanc comparé à l’autre pied (il faut toujours comparer les deux pieds, posez le dos de vos mains simultanément sur chaque pied).
- plus de sensation dans le pied, pied anesthésié.
- picotements dans les orteils qui restent plus de 4 heures sans diminuer du tout.
- et si vous n’avez pas consulté de suite : allez-y si la douleur ne diminue pas du tout ou empire après deux jours (que vous ayez consulté OU NON d’emblée).
4. Les signes qui permettent d’attendre
- le gonflement autour de l’articulation n’est pas un signe grave, c’est une réaction normale.
- marche possible même en boitant (un des critères les plus importants), le fait de pouvoir poser au moins une partie du pied par terre pour faire quelques pas est un signe rassurant. Attention ! Ce test doit se faire une fois que la cheville est au repos, c’est à dire environ 1 heure après le traumatisme.
- possibilité de dormir la nuit suivant l’entorse avec ou sans anti-douleur.
- petits picotement des orteils qui disparaissent en quelques heures (ils sont liés à l’étirement des petites fibres nerveuses dans les ligaments).
5. Que faire en cas d’entorse non grave ?
- prendre du paracétamol (doliprane, dafalgan) si la douleur est forte : maximum 1 g toutes les 6 heures par jour pour un adulte. Pour un enfant, adapter au poids (pour les enfants préférer consulter, leurs os ne sont pas composés comme ceux des adultes, on les plâtre plus facilement). Personnellement j’évite toujours les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène qui marchent bien sur la douleur de l’entorse, mais qui ont beaucoup d’effets secondaires potentiellement dangereux pour votre santé.
- réaliser un bandage avec un peu d’alcool camphré sur une compresse à poser là où c’est le plus gonflé et où se trouve la douleur (pour les enfants, mettre moitié d’alcool camphré, moitié d’eau pour ne pas que cela les brûle).
- laisser la jambe surélevée au repos (posée sur une chaise par exemple).
- mettre une serviette avec des glaçons dessus pour faire diminuer le gonflement (oedème).
- continuer à marcher dessus en respectant le seuil de douleur acceptable. L’important est que la cheville ne perde pas l’habitude de la marche. Il faut donc reprendre et continuer la marche le plus rapidement possible pour que les ligaments puissent se remettre dans une position permettant le mouvement.
- si vous allez consulter votre médecin, soit il vous prescrira le bandage avec alcool, soit une attelle de cheville qui permettra de limiter les mouvements au pliage et à l’étirement du pied (flexion-extension) et empêchera de tourner le pied (rotations externe, interne). Même si vous n’avez pas d’attelle, mais un simple bandage, la douleur fait que l’on fait peu de mouvements au début.
6. En cas d’entorse grave
Lorsque l’entorse est dite “grave”, plusieurs gros ligaments de la cheville sont touchés en même temps, nécessitant de réaliser une immobilisation efficace de l’articulation afin de permettre la cicatrisation. Dans ce cas la récupération de la marche sera plus longue et avec une rééducation nécessaire par kinésithérapie.
Une immobilisation efficace, cela veut souvent dire un plâtre à garder plusieurs semaines. De même, en cas de fracture, même si les deux os se sont face, il faudra immobiliser pendant plusieurs semaines et prescrire des fluidifiants du sang pour éviter que le sang ne se fige (coagulation/risque de phlébite/thrombose) du fait de l’absence de marche sur le pied plâtré.
7. Conclusion
Sachez que votre médecin traitant est théoriquement tout à fait apte à prendre en charge les entorses et vous orientera vers les urgences en cas de nécessité. La plupart des entorses nécessitent bandage ou attelle pour diminuer la douleur et guérir. La récupération est assez longue, en moyenne 3 semaines pour la plupart des entorses. Comme pour toute blessure, il faut laisser le temps au temps, car les ligaments ont besoin de se reconstituer.
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Crédit photo : Hotdogger13
Décidément, vous anticipez tout ça ! J’aime beaucoup vos articles !
Pour partager un peu mes expériences sur l’entorse, je vous écris :
En 1990, à 19 ans, je me suis fait une énorme entorse. On ne m’a jamais mis un plâtre ou des séances de rééducation sérieuses. ÇA, JE REGRETTE ABSOLUMENT DE NE PAS AVOIR ÉTÉ PRIS SÉRIEUSEMENT EN CHARGE…. parce que depuis 20 ans, je ne cesse de me faire deux ou trois entorses par année…… Apparemment, les ligaments de ma cheville sont « foutus »…. Heureusement, je n’étais pas sportif de haut niveau car ma carrière serait envolée avec une cheville si faible !….
Enfin, un petit conseil : en cas d’entorse non grave, je recommande un bandage de soutien adapté à la cheville (en tissu élastique) pour la maintenir pendant 2 à 3 semaines, tout en continuant à marcher (en faisant attention, bien sûr !)
On peut trouver ça à la pharmacie spécialisée en matériel médical. Il y a différents modèles. Le mieux, c’est demander au docteur quel bandage adapté. L’inconvénient, je crois, ce n’est pas remboursé. Mais c’est le mieux, surtout pour les enfants et adolescents ! Et même pour les adultes qui peuvent garder ce bandage pendant des années, au cas où…….
Le critère le plus important parait être le possibilité ou non de faire 4 pas ; je suis dubitative, cela ne dépend -il pas de la résistance à la douleur de chacun ?
Ayant consulté pour une entorse, suite à ce test le médecin me renvoie chez moi avec du doliprane en disant, c’est bon vous pouvez marcher. Concrètement, je sentais bien que non, au quotidien je ne pouvais pas marcher… 1 an 1/2 après cette cheville me fait toujours mal quand je descend les escaliers.
Je pense que l’on connait tous dans nos entourages des gens qui souffrent de reste d’entorses « mal soignées », le résultat aurait-il pu être différent avec un autre traitement ? En tout état de cause, je comprend la prudence de vos patients.
J’ai déjà eu plusieurs entorses: une qui a été platrée durant 3 semaines.Effectivement j’avais d’emblée du mal à poser le pied par terre et même jambe surélevée, au repos avec pansement alcoolisé ou glace la douleur était insupportable. Les antalgiques n’avaient aucun effet.Une fois le plâtre en place la douleur a tout de suite disparu.Après ces 3 semaines j’ai encore porté une bande élastique spéciale de maintien pendant 1 mois et j’ai marché sans limite.Je n’ai aucune séquelle.
Vu mon expérience dans ce domaine je vous donne le résumé de ce qui est le plus efficace. 1-agir au plus vite 2- mettre de la glace et surélever le pied pendant au moins 2 voir 3 h à renouveller à d’autres moments 3- mettre pour marcher une chaussette élastique spéciale de maintien que l’on trouve en pharmacie pendant 2 à 3 semaines.La pommade à l’arnica peut être efficace.
Bonjour,
Dans la bonne théorie votre article est juste… Cependant je tiens à préciser que je me suis fait 2 entorses graves avec déchirement osseux, sans gros gonflement ni gros hématomes… J’ai toujours réussi à marcher sans boiter. La dernière entorse grave dure depuis 6 mois, le spécialiste n’ayant pas plâtré la cheville, ni d’ailleurs vu à temps qu’il s’agissait d’une entorse grave avec déchirement osseux…
Votre article donne une bonne idée des soins d’urgence, mais ne montre dans les fait qu’une théorie qui reste somme toute bien loin de la pratique…N’oubliez jamais que chaque personne est différente…
En 1994 je me suis pris un valding dans un escalier entorse bilatérale, plante des pieds noires plus d’un mois et demi.La radio effectuée 48h aprés n’a rien décelé..Pansement alcoolisé 3 jours et bandage…Impossible de marcher longtemps avec les talons compensés…J’ai les pieds plats de naissance.1999 j’ai du mal a marcher et ne peux plus me chausser…On me dira de maigrir de 30kgs pour être opérée du pied gauche le plus douloureux.Je serai opérée par une Sommité de l’Hopital Lapeyronie,par une une sintigraphie osseuse on verra ma plante du pied félée.J’ai eu 3 opérations en 2 ans et demi.Le chirurgien me disait que lorsque je serai remise du pied opéré ,le pied droit cheville interne écrasée il faudrait y passer…Aujourd’hui depuis 2000 1ére opération nous sommes en 2012 ,on me dit non opération trop lourde on a pas besoin d’opérer…mais moi je peine a marcher…Anti-inflammatoires ne me calment pas vraiment…Je vis a l’étranger et je ne sais pas ou trouver un bandage élastique que portent parfois les sportifs.Merci des renseignement possibles ,j’ai 69 ans
Autre exemple d’entorse non grave. Ma fille, à l’âge de 11 ans, s’est foulé la cheville en descendant l’escalier. Comme la douleur persistait, elle a consulté notre médecin de famille, qui lui a prescrit une radio. Bien entendu, rien n’apparaissait. Plusieurs mois après, elle se plaignait encore de la cheville, et le médecin a fini par dire qu’elle « s’écoutait » beaucoup… (pas mauvais médecin au demeurant).
Et puis il y a quelques mois, elle consulte pour la première fois un ostéopathe pour un problème de dos, et celui-ci l’examine de la tête aux pieds et lui dit qu’elle a une ancienne blessure à la cheville… 8 ans après…
PS : truc de chirurgien pour réduire les œdèmes
: un sac de petits pois surgelés entouré d’un torchon, posé sur la zone enflée. (bien entendu, le sac une fois remis au congélateur ne servira plus qu’à ça).
Merci Ludivine pour cette article.
Merci Ludivine,
J’ai eu moi-même, une seule fois dans ma vie, une entorse, attrapée lors d’une marche rapide en ville, une profonde ornière que je n’avais pas vu en étant la cause.
J’ai ressenti une grosse douleur sur le coup qui toutefois rapidement a bien voulu se mettre suffisamment en sourdine pour me faire poursuivre ma randonnée bien qu’à un trot moins soutenu.
Arrivée chez moi, j’avais de l’enflure et une légère douleur que j’ai calmé avec de la glace et une surélévation de la jambe. Bien qu’un peu inquiète de garder des séquelles – en raison de mon naturel anxieux – je n’ai pas jugé bon d’aller consulter un médecin et ai laissé le temps faire son oeuvre, qu’il a bien fait puisqu’à ce jour, malgré mes craintes, aucune conséquence de cet épisode ne se fait sentir.
Vos articles « pratiques » donnent des détails que personnellement j’apprécie pour comprendre ce qui se passe. Les explications que l’on peut trouver autrement sont souvent moins précises.
Merci Annie pour votre témoignage et vos encouragements
Merci Ludivine,
j’aimerai ajouter ceci : en cas de traumatisme articulaire aigu (lumbago, sciatique, entorse…) courrez chez votre acupuncteur préféré !
L’ACUPUNCTURE est LE traitement de choix dans ces cas-là. Plus le patient est pris en charge rapidement (< 48h), plus le résultat est spectaculaire.
Très bon article et merci pour tous tes conseils. Il est vrai que si on ne fait pas attention à l’évolution de ce genre blessure, cela peut vite devenir plus sérieux. Comme le dicton, il vaut mieux prévenir que guérir!
Merci Ludivine, mais je me demandais si une entorse de la cheville peut se supperposer à une fracture et ne pas être guérie après 5 semaines de plâtre pour une fracture du péroné : de très vives douleurs au tendon d’Achille et face supérieure du pied rendent la marche très difficile depuis que je suis déplâtrée, j’en pleure de douleur. Merci d’éclairer ma lanterne.
Toujours bien important d’avoir les chaussures appropriées à l’activité physique que nous pratiquons. Ça évitera bien des entorses! Sinon, il est important de consulter un spécialiste pour s’assurer que l’entorse guérisse bien et rapidement.
Très bon article et merci pour tous vos conseils Ludivine. Il est vrai qu’il faut faire très attention à l’évolution de ce genre blessure, au cas contraire ça peut devenir sérieux très vite.