Vous aider à comprendre votre médecin et mieux vivre vos problèmes de santé
Mercredi 7 septembre 2011

A propos de l'auteur

Bonjour et bienvenue ! Je m’appelle Ludivine, je suis étudiante en dernière année de médecine et future généraliste. A travers ce blog, j'aimerais à la fois vous transmettre l'essentiel des bases pour bien comprendre votre corps et vous aider à mieux apprivoiser la logique du monde médical.

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Les morts du médiator, qu’en penser ?



Un médicament qui tue des gens en vente libre, comment était-ce possible ? Ou plutôt comment est-ce possible ? Il faut dire que cette histoire ne date pas d’hier comme le rappelle l’excellent article du Monde.fr. L’interdiction des apparentés de ce médicament s’était faite il y a plusieurs années aux Etats-Unis, puis en France, sauf pour celui-ci qui a été mis en vente après les interdictions. Vous n’avez pas tout suivi ? Peu importe, l’essentiel à mon sens n’est pas dans ces affaires de loi.

L’essentiel de la question où est-il ? Deux problèmes : ceux qui consomment les médicaments et ceux qui les vendent.

J’ai toujours été très impressionnée par les chiffres de consommation des médicaments en France, un peu comme si les gens voulaient prendre des médicaments, à la limite contre n’importe quoi, du moment que ça va mieux après. Avant même de faire médecine, j’ai toujours été réticente à prendre un cachet au moindre rhume, au moindre symptôme, il faut vraiment que je sois sûre du diagnostic et de l’absence d’autre moyen moins nocif pour que je me dirige vers la pharmacie ou vers une ordonnance. Maintenant que j’ai un tant soit peu apprivoisé la nomenclature des substances qui les composent, j’ai encore moins envie d’en prescrire à mes patients.

Soyons clairs, je n’ai rien contre les médicaments, c’est certain qu’ils sauvent des vies lorsqu’on sait les utiliser, mais je dis surtout que la prudence reste de mise avec les laboratoires qui jouent les apprentis sorciers en attendant de voir ce qui se passe après la mise sur le marché de leurs médicaments. Ils me font penser à des enfants qui ne peuvent intégrer le sens du mot responsabilité. Tant qu’ils n’ont pas à les consommer eux-mêmes, tout va bien.

Après, à propos d’apprentis sorciers, je renvoie la balle aux patients, aux gens qui harcèlent leur médecin pour avoir à la fin de chaque consultation un médicament « mais vous ne me prescrivez rien docteur ? ». En ne prescrivant rien, il y a toujours le risque de voir le patient insister voire presque menacer le médecin d’un « l’ordonnance ou la vie ! ». Non… dans beaucoup de situations il n’y a pas besoin de médicaments vendus par des laboratoires pour guérir, quelques conseils d’hygiène de vie, et il y aura beaucoup moins d’effets secondaires.

Peut-on opposer l’argument « les gens prennent ces médicaments parce que c’est leur médecin qui leur a dit de les prendre » ? Certes, oui, mais très souvent, lorsque les gens ne sont pas convaincus par la prescription ou n’ont pas envie de suivre un traitement ; que leur médecin le leur ai demandé ou pas, ils ne vont pas le suivre et ce, quel que soit le médicament : paracétamol ou bien un traitement lourd comme un anti-hypertenseur.

Ne laissons pas les médecins en reste, car eux aussi, ils ne sont pas neutres dans l’affaire. Sans entrer dans le débat de ceux qui « vendent leur âme » à des laboratoires, ce qui est plutôt une affaire entre eux-mêmes et leur conscience, on peut dire qu’ils manquent quelque peu de critique. Il reste difficile pour un médecin de vérifier chaque information fournie par ses relais de presse (univadis, le quotidien du médecin etc.) mais peut-être pourraient-ils arrêter de prescrire « par réflexe » comme si aucune alternative n’était possible. D’ailleurs, de manière étrange les positions de ces mêmes médecins changent souvent lorsque ceux-ci déclarent leurs premiers « sérieux » problèmes de santé et se retrouvent à la place du patient. Pourquoi ne pas créer un peu de recul en se demandant si on accepterait de prendre soi-même un médicament « polémique » ou sur lequel il y a eu des « preuves de désinformation » de la part des laboratoires ? Cela pourrait être un bon exercice avant toute prescription inhabituelle pour les médecins, et pour les patients, avant toute prise médicamenteuse non vitale.






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2 Réponses de “Les morts du médiator, qu’en penser ?”

  1. Audran dit :

    Bonsoir Ludivine,
    bravo pour ton blog encore une fois.
    La presse « pseudo médicale » ayant pour but principal de passer de la pub vient remplir ma boite au lettre de médecin généraliste sans mon aval. J’ai déjà envoyé un courrier pour ne plus le recevoir mais cela a été sans effet. Je suis donc contrainte à enlever le film plastique afin de faire le tri avant de mettre le tout à la poubelle ! C’est tout de même un comble. Je lis Prescrire sélectivement ou quand j’ai le temps et c’est vrai que là il ne reste pas beaucoup de molécules élues. J’avoue que je me contente rarement du paracétamol pour une crise de goutte mais globalement j’essaye de garder une ligne de conduite à peu près cohérente.
    Concernant l’affaire Médiator et Glitazones; malgré les conséquences dramatiques, il s’agit d’un formidable bras de levier pour la discussion sur l’intérêt d’une prescription médicamenteuse. Je pense que les gens ont saisi l’enjeu d’une prescription. Ça donne une très bonne illustration de la balance bénéfice risque qui doit guider nos choix.
    Demeure la question de l’indépendance des institutions qui décident du SMR, du prix du produit et de son taux de remboursement ?
    Par ailleurs, en France le conseil est jugé sans valeur (pécuniaire s’entend) et tout se passe comme si on se faisait un peu voler si on sort de chez le doc sans ordonnance. Probablement pour diminuer ma propre gêne à l’issue de telles consultations (genre gastro entérite où le « traitement » relève de conseils diététiques…Troubles du sommeil…) je note mes conseils en les disant (c’est assez peu lisible malgré mes efforts mais ça fait partie du folklore !) sur une ordonnance. Le rituel est respecté …

    • Ludivine dit :

      Excellente idée que de noter les recommandations sur une ordonnance ; je suivrai ce bon conseil à l’avenir. Si l’illisibilité provoque une souffrance intolérable, je peux te suggérer de créer un modèle d’ordonnance sur ton ordinateur, tout prêt à être imprimé et n’attendant plus que la plume numérique du clavier…
      A propos de la presse « pseudo-médicale », j’avais déjà constaté que la plupart des médecins prenaient les courriers et les transposaient directement de la boite aux lettres à la corbeille à papier (peut-être faudrait-il les mettre dans la boite « déchets biologiques contaminés » ?), mais je ne pensais pas que même les demandes d’arrêt d’envoi se soldaient par un échec. Heureusement que le recyclage s’est démocratisé.
      Concernant les prescriptions, la crise de goutte au paracétamol, je conçois que ça ne fasse pas l’unanimité. Le risque est clairement de ne plus rien prescrire par surdosage d’informations sur les risques. Mais jusqu’à présent, nous avons également constaté que le corps a une très bonne résistance à tous les toxiques que nous rencontrons. Au final j’ai l’impression que nous avons les données pour savoir « bien prescrire » c’est à dire de manière utile mais aussi épurée ; le seul problème comme tu l’as souligné, est la pertinence de l’information : elle manque de clarté et d’honnêteté. Mais à n’en pas douter ce scandale « pharmacologique » peut aider à la prise de conscience.

      Encore merci pour ton soutien, je suis très flattée de « rivaliser » avec le temps que tu accordes à tes lectures de Prescrire ;)

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