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Samedi 27 août 2011

A propos de l'auteur

Bonjour et bienvenue ! Je m’appelle Ludivine, je suis étudiante en dernière année de médecine et future généraliste. A travers ce blog, j'aimerais à la fois vous transmettre l'essentiel des bases pour bien comprendre votre corps et vous aider à mieux apprivoiser la logique du monde médical.

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Suicide : mode d’emploi (suite et fin)




Médecine fondamentale : La symbolique du suicide.

Jusqu’à présent, j’ai beaucoup parlé de la tentative de suicide, mais qu’en est-il de ceux qui ne lâchent jamais prise jusqu’à réussir ? Il faut bien se rendre compte d’une chose, lorsque l’on veut vraiment mourir, on y arrive. Preuve que les gens ne cherchent pas à mourir en ingérant des comprimés, en est le nombre d’appels reçus par le SAMU par des gens qui viennent d’avaler des médicaments et qui commencent à se sentir mal et tout compte fait à réfléchir à leurs actes. Etait-ce une bonne idée ? Je veux mourir, j’ai pris une boîte de tel médicament et maintenant j’ai envie de vomir et j’ai mal au cÅ“ur, ça va pas du tout, aïe… j’appelle les secours. Tant que mourir n’implique pas de conséquence dérangeante et n’est pas trop douloureux, ça va. Dès lors qu’il faut souffrir, le suicide n’est plus une option. Cette approche est un bon moyen de différencier une réelle souffrance psychique de la tentative de manipulation de l’entourage. « Seriez-vous prêt à souffrir pour mourir ? A vous blesser à mort ? » car c’est un peu cela la question essentielle.

Se suicider c’est vouloir que toute souffrance s’arrête. Si la souffrance d’un être est tellement insupportable que souffrir un peu plus avec la garantie que cela s’arrête après ne l’effraie pas ; dans ce cas il y a toutes les raisons de craindre un suicide qui marchera et qui sera autre chose qu’une ingestion de médicaments ou une phlébotomie.

En parlant des moyens mis en Å“uvre pour se suicider, la phlébotomie qui consiste à s’ouvrir les veines de l’avant-bras le plus souvent, est à peu près en concurrence avec l’intoxication médicamenteuse. Cela ne fait pas trop mal et souvent la technique n’est pas au point, mais reste très impressionnante bien que peu mortelle. A l’inverse, quelqu’un qui projette un suicide en utilisant des moyens radicaux tels que l’artériotomie (idem mais au niveau des artères – plus profondes et douloureux) ou la défenestration, la pendaison, les armes à feu etc. a de grandes chances de réussir son suicide. Mais une fois de plus, j’attire votre attention sur l’échec et ses conséquences. Pour exemple, une patiente de 55 ans que j’avais rencontrée en réanimation, où elle était hospitalisée pour un choc septique. Elle était paraplégique (paralysie des membres inférieurs) depuis 11 ans, pour avoir « raté » sa défenestration suite à l’échec d’un mariage qui pour elle représentait toute sa vie. Depuis elle ne cessait de faire des infections, sans jamais mourir pour autant et passait sa vie à l’hôpital dans un état de semi-réalité. Demander de l’aide il y a 11 ans aurait pu lui permettre de surmonter l’épreuve qui la terrassait et par là même, de conserver sa liberté et son indépendance.

Comme vous avez pu le lire à travers ces exemples, on se suicide rarement pour de grandes causes mais plutôt parce que nos problèmes personnels nous mettent face à un mur qui paraît infranchissable. Dettes, dépit, échec, autant de situations auxquelles aucune solution miracle n’apparaît. C’est un cercle vicieux d’auto-dévalorisation et la constante dans cette équation reste la difficulté à s’appréhender soi-même, à se faire confiance pour trouver des moyens de s’en sortir.

Personnellement, je ne peux pas blâmer ceux qui ont temporairement la faiblesse d’abandonner. Se battre n’est jamais évident, non pas parce que nous sommes lâches, mais plutôt car personne ne nous l’a jamais enseigné ; les messages importants relayés par la société sont minoritairement des messages d’espoir et d’exemples à suivre.

Alors que peut-on faire en pratique pour éviter ces situations ? Il y a deux cas de figure. Dans le premier, c’est vous qui n’allez pas bien. Dans ce cas, si vous n’avez pas la force de demander de l’aide ou si personne n’est disponible dans votre entourage, faites un dernier effort pour aller voir votre médecin. Si vous lui exprimez clairement vos intentions en quatre mots « je vais me suicider » il a l’obligation d’agir et vous fera hospitaliser. Certes, personne n’a envie de se retrouver en psychiatrie, mais entre mourir et arriver douloureusement mais tout de même à s’en sortir, je crois qu’il ne faut pas hésiter, car dans le premier choix, nous n’avons jamais l’assurance de ce que nous allons trouver. Si, en revanche une personne de votre entourage va mal et que vous sentez qu’il y a un risque qu’elle passe à l’acte, osez lui en parler franchement en demandant « est-ce que tu penses au suicide ? », évitez de la laisser seule et accompagnez-la chez un médecin. L’hospitalisation à la demande d’un tiers, autrement dit « forcer » l’hospitalisation d’une personne est possible, si un risque réel pour sa vie est mis en évidence par un médecin.

Sortir de la dépression ou du désespoir « coûte » beaucoup à la personne alors que par définition, si elle est dans cet état, c’est qu’elle a très peu d’énergie. Insuffler à une personne en détresse le désir de quelque chose de positif est tout l’enjeu du traitement. Les médicaments aident, mais le lien avec un autre être est ce qui fait toute la différence.

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 Crédit photo : stock.xchng






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Une réponse de “Suicide : mode d’emploi (suite et fin)”

  1. gal dit :

    parfois on a juste envie d’abandonner la partie car la vie ne mérite pas qu’on se défonce pour elle, et parceque l’humanité est pathétique et inhumaine.
    il faut alors puiser dans le tréfonds de son être pour se retenir et se dire que demain sera un autre jour, qu’un jour de plus en vie c’est juste un jour de gagné et que peut être qu’un jour la situation (intérieure/exterieure)s’améliorera.
    oui mais c’est tellement dure d’être forte et « baisser les bras est à porté de main » :)

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