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Mardi 29 avril 2014

A propos de l'auteur

Bonjour et bienvenue ! Je m’appelle Ludivine, je suis interne en médecine générale et future généraliste. A travers ce blog, j'aimerais à la fois vous transmettre l'essentiel des bases pour bien comprendre votre corps et vous aider à mieux apprivoiser la logique du monde médical.

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VIH/SIDA : quand est-ce que je risque quelque chose ?

Faire une fellation ou pratiquer la sodomie, les risques sont-ils les mêmes en matière de transmission du VIH ? Et si je mets deux préservatifs, ça diminue pas le risque ? Pour avoir les idées claires sur toutes ces questions, sans tabou ; voici une petite synthèse objective des pratiques sexuelles les plus à risques de transmission du VIH en l’absence de préservatif.

 

Quelques rappels en préambule, absolument nécessaires ; en espérant qu’ils seront compréhensibles pour tous.

VIH / Séropositif / Sida : c’est quoi la différence ?

VIH : c’est l’acronyme du responsable du problème, donc le virus lui-même (Virus de l’Immunodéficience Humaine). Il désigne seulement le virus et non pas la maladie.

Séropositif, séropositive = abus de langage. La séropositivité est une définition biologique (= résultat de prise de sang). Cela signifie que le laboratoire d’analyses a retrouvé des anticorps (= réponse de défense de l’organisme) dirigés contre un antigène (le responsable, donc le virus). Mais attention on peut être séropositif à plein d’antigènes (puisque l’organisme se défend contre tout intrus). Si j’ai des anticorps contre le virus de l’hépatite B je serais aussi séropositif, mais au virus de l’hépatite B. Pour cette raison, c’est un abus de langage, car il faut toujours préciser à quoi on est séropositif. Pour le VIH, il faudrait dire je suis séropositif au VIH.

Lorsque l’on est séropositif au VIH, on est porteur du virus qui se balade dans notre organisme et on peut le transmettre, mais notre corps se défend bien et on est en bonne santé apparente même si la maladie progresse à bas bruit (en l’absence de traitement).

Sida : encore un acronyme, celui de Syndrome d’ImmunoDéficience Acquise. Il correspond à un ensemble de maladies qui indiquent que notre organisme est trop affaibli pour bien combattre le virus. Le Sida est « l’étape suivante » de la maladie ; une fois que l’on est au stade Sida, on ne peut pas revenir au stade « séropositif au VIH ». A ce moment là, on n’est pas vraiment au meilleur de sa forme.

Muqueuse : peau de l’intérieur du corps (= bouche, vagin, rectum, gland – recouvert par le prépuce, donc muqueuse)

Passons à la partie claire et objective :

1. Risques dans les relations sexuelles hétérosexuelles et homosexuelles masculines (évidemment sans préservatif) :

- Pénétration vaginale (en dehors des règles) : risqué pour les deux

- Pénétration vaginale lors des règles : risqué pour les deux et risque augmenté dans les deux sens car le sang véhicule le virus

- Augmente également le risque : plaies du vagin, du pénis ou ulcérations (exemple poussée d’herpès ; bon en général ça fait mal alors on évite les relations sexuelles)

- Pénétration anale : risque très très très élevé car la muqueuse du rectum est beaucoup plus fine que les autres (muqueuse vagin, gland du pénis) et est sans défense

- Inégalité anatomique : le risque de contamination par le virus est plus élevé dans le sens homme qui transmet à la femme car le vagin représente une surface plus grande que celle du gland chez l’homme (ce sont les muqueuses qui sont la porte d’entrée du virus)

- Fellation : pas trop risqué pour les deux car on a une enzyme (petite paire de ciseaux super active) dans la salive qui va inactiver le virus. Mais comme le risque zéro n’existe pas on évite d’avaler le sperme et si jamais on en a plein la bouche, on recrache et on se rince la bouche à l’eau uniquement. Pas de Hextril, bain de bouche ou autre folie chimique qui attaquent la muqueuse de la bouche, et vont créer des petites lésions qui pour le coup favorisent l’entrée du virus. Idem, pas de brossage de dents dans les 6 heures avant et après la fellation.

- Cunnilingus (le terme vous échappe, allez voir la définition sur google) : risque identique à celui de la fellation. Dans ces deux cas, c’est comme pour les pénétrations toute plaie augmente le risque.

2. Risques dans les relations homosexuelles féminines :

Peu de données, mais par extrapolation, peu de risques de contamination. En pratique, risque considéré comme nul (en évitant les contacts pendant les règles ou sinon utilisation de digue dentaire ou cellophane ; ok pas super romantique mais efficace)

3. Risques par rapport aux petites bêtes :

… qui piquent, qui mordent et autres ne peuvent purement et simplement pas transmettre le virus du sida car c’est un virus qui touche uniquement les humains VIH (H = humain). Donc même si elles repartent avec un échantillon de sang d’une personne porteuse du virus, ce dernier ne pourra pas survivre dans l’animal et va mourir en quelques minutes.

4. Bisous sur la bouche, la joue, où vous voulez :

Pas de risque car pas de virus dans la salive. Vous pouvez donc faire quelques déductions quant à la transmission par rasoir, verre, couverts etc. : non.

5. Attention ! Le virus de l’hépatite B

Il s’attaque au foie et est un redoutable tueur (beaucoup plus que le VIH). Il se transmet également par voie sexuelle. Si vous êtes vaccinés, vous n’avez pas de risque de l’attraper lors une relation sexuelle sans préservatif. Par contre, si vous n’êtes pas vaccinés, c’est un jeu risqué car on est beaucoup moins performant dans les traitements comparés à ceux du VIH. Concernant la polémique vaccin hépatite B/sclérose en plaque, elle n’existe qu’en France. Ailleurs dans le monde, il n’y a pas de problème avec ce vaccin (cherchez l’erreur).

6. Être atteint de toute autre maladie sexuellement transmissible :

L’herpès génital, les chlamydiæ, la chaude-pisse/blennorragie etc. augmentent sérieusement le risque de contracter le VIH (quelle belle valeur la solidarité entre les virus…)

Enfin quelques recommandations par rapport au préservatif :

- En mettre deux ça augmente le risque de les faire craquer par frottement entre eux (ils ne sont pas prévus pour)

- Un préservatif masculin + un préservatif féminin en même temps = ça va craquer pour la même raison que 2 préservatifs ensemble

- Utiliser du lubrifiant avec un préservatif c’est diminuer le risque qu’il craque.

- Truc super important : mettre le préservatif avant tout contact pénis/vagin/anus/pénis (prenez l’association que vous préférez) car il y a toujours des petites gouttes au bout du pénis et les frottements préliminaires peuvent suffire à transmettre le virus.

- Pour ceux qui trouvent que mettre le préservatif ça casse l’ambiance, moi je dis pas plus que la résistance des chaussettes qui ne veulent pas s’enlever ou les jeans trop serrés… franchement, c’est une fausse excuse.

En conclusion :

Un virus ça n’a rien de magique. On ne l’attrape pas par enchantement. C’est purement mécanique, une question de probabilité avec beaucoup de paramètres qu’il est difficile de maîtriser (je vous fais grâce des explications sauf si vous me laissez des commentaires en ce sens).

Alors après, vous me direz, il y a la théorie que l’on connaît souvent et la pratique qui n’est souvent pas en accord avec la théorie. J’ai tendance à penser « c’est la vie », on est rarement aussi parfait qu’on le voudrait. En même temps, ce n’est pas une excuse pour prendre des risques inutiles aux conséquences irréversibles. La meilleure attitude est de reconnaître que l’amour (ou uniquement le sexe) peut parfois être un jeu risqué, il faut donc prendre des risques calculés en toute connaissance de cause. Pour cela, il faut savoir où sont les vrais risques sans préservatif et a priori c’est chose faite à présent.

Note : tous mes remerciements à Armand Berthomé, délégué régional de la région Est de Sida Info Service, pour avoir restructuré mes connaissances, si souvent tronquées par l’enseignement facultaire, en matière de prévention VIH, VHB et VHC.



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7 Réponses de “VIH/SIDA : quand est-ce que je risque quelque chose ?”

  1. govente dit :

    merci du conseil
    Govente

  2. [...] que : l’hépatite B fait pire que le VIH. Il passe encore plus facilement lors d’une relation sexuelle vaginale ou anale que le VIH, il se transmet lors des baisers contrairement au VIH, et peut survivre plusieurs jours posé sur [...]

  3. Olive verte dit :

    Merci pour ttes ces infos, ce n’est pas souvent que c’est abordé aussi simplement.

    Pour le cunilingus et la fellation, ne pas se brosser les dents pendant tout ce laps de temps avant et après, pas évident, ni à anticiper, ni après coup.
    Pour le cunilingus, selon la « productivité » de la fille, c’est ce que je fais, je vais essayer d’être + prudent. Apparemment, idem dans l’autre sens, difficile pr certaines filles de ne pas se brosser les dents.

    Et, ensuite ou sinon, dans le feu de l’excitation, … je pensais être suffisamment prudent, mais visiblement non. Merci encore, donc.

    • Ludivine dit :

      « Et, ensuite ou sinon, dans le feu de l’excitation, … je pensais être suffisamment prudent, mais visiblement non. »

      C’est bien le problème que l’on rencontre tous. D’une part il faut bien connaître les situations à risque, ce qui n’est pas toujours abordé de manière directe – les professionnels de santé étant très souvent « mal à l’aise » pour parler de ces sujets et les patients eux-mêmes étant gênés pour poser les questions de manière claire – ensuite, une fois l’information en tête, il faut y penser dans le feu de l’action, sans trop y penser non plus, sinon on perd en spontanéité… bref, c’est pas si simple en pratique.
      En somme, nous prenons tous des risques à un moment ou à un autre lorsque le désir nous emporte ; l’important est à mon sens de connaître les vraies situations à risques pour pouvoir à la fois éviter les plus dangereuses et agir en conséquence par la suite en allant consulter si besoin.

  4. Blemel dit :

    Bonjour donc si j’ai bien compris faire une fellation sans préservatif est un risque, mais très minime surtout si on avale pas de sperme ? Je veux vraiment être sur et certaine

    Ensuite j’ai une question. Il’y à de ça 8-7 mois environs j’ai fait une fellation à mon copain sans préservatif, il n’a pas éjaculer dans ma bouche car je les vue éjaculer part après, mais j’ai sentis un liquide surement celui avant le sperme (?) Part après j’ai très peur que j’ai rincer la bouche avec de l’eau et cracher plus du’une vingtaine de fois en prenant aussi des chics à la menthe et cracher. Es-ce que j’ai le sida ou d’autres maladies après 7-8 mois ? Je n’est eu aussi rien de spéciale pendant c’est 7-8 mois.

    • Ludivine dit :

      Bonjour oui à votre première question, risque minime.
      Pour la seconde je ne suis pas dans votre sang, je ne peux pas vous dire si vous avez le sida! Il faut que vous fassiez une prise de sang pour le savoir. Il y a les CDAG (centre de dépistage anonyme et gratuit) dans chaque ville, regardez sur internet. Sinon votre médecin traitant vous fait une ordonnance pour le labo.

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