Vous marchez dans la rue, lorsque l’on vous fait remarquer que vous saignez du nez. Etrangement vous n’avez rien senti, mais le saignement ne semble pas décidé à s’arrêter. Que faire ?
Pourquoi saigne-t-on du nez ?
On peut saigner du nez pour différentes raisons, la première étant le traumatisme. En d’autres termes, on reçoit un coup relativement violent sur le nez, qui blesse les vaisseaux du nez. Dans ce cas, mieux vaut aller aux urgences afin de vérifier que les os du nez et les cartilages (une grande partie du nez étant faite de cartilages) ne sont pas déplacés ou brisés.
Dans le même esprit, les mouchages violents et répétés peuvent également provoquer de petits saignements de nez comme lors des sinusites ou des rhumes qui se prolongent. Dans ce cas, mieux vaut se moucher plus doucement afin d’éviter de faire “exploser” les vaisseaux avec l’augmentation de la pression dans le nez, liée à l’expulsion de l’air lors du mouchage.
Ensuite, d’autres situations moins évidentes peuvent se présenter. Dans la quasi-totalité des cas, lorsque l’on saigne du nez (= épistaxis en termes médicaux), on saigne au niveau d’un enchevêtrement de petites artères appelé “la tache vasculaire” qui correspond à la réunion des terminaisons des artères qui approvisionnent le nez en sang (artère sphéno-palatine et ethmoïdale). La tache vasculaire se trouve sur la cloison entre les deux narines, une de chaque côté, à mi-hauteur du nez. Généralement, une seule des deux taches saigne à la fois.
La tache vasculaire peut se mettre à saigner en cas de :
- montée brutale de la tension artérielle (pic hypertensif), mais inversement, un saignement de nez peut entraîner en réaction du corps une montée de la tension artérielle,
- en cas de traitement pour fluidifier le sang,
- en cas d’anomalie de la coagulation (sang trop liquide), qui provient d’une anomalie de la fabrication des composants du sang (plaquettes essentiellement) qui peut être lié à des épuisements d’organes tels que le foie (insuffisance hépatique) ou des défauts constitutionnels (coagulopathies),
- en cas d’anomalie de la fabrication des vaisseaux (maladie de Rendu-Osler),
- en cas de sécheresse du nez, de changements brutaux de température.
Enfin, certaines tumeurs du nez peuvent faire saigner, mais généralement, d’autres signes accompagnent les saignements tels que des difficultés à respirer, l’impression de sentir des odeurs désagréables (cacosmie) ou encore des maux de tête. Tous ces signes ne doivent inquiéter que si ils persistent dans le temps. Si vous ne les notez qu’une fois, rassurez-vous, ils sont probablement temporaires et bénins.
Les saignements de nez, sauf si ils se répètent souvent, ne sont généralement pas à l’origine d’anémie car la quantité de sang perdue est souvent faible par rapport au volume de sang total du corps (bien que la vision d’un nez qui saigne soit souvent impressionnante). Le sang perdu est remplacé par le corps dans les semaines qui suivent.
Comment arrêter le saignement ?
La première chose à faire en cas de saignement de nez est de tenter de se calmer. S’asseoir, pencher la tête en avant, et non pas en arrière, afin d’éviter d’avaler du sang et de déclencher une envie de vomir. Ensuite, il faut bien moucher chaque narine afin de bien nettoyer et retirer les caillots de sang.
Enfin, il faut comprimer la narine qui saigne, voire les deux c’est plus facile avec le pouce et l’index, pendant 10 minutes non-stop, ce qui correspond au temps nécessaire à la bonne coagulation du sang. En comprimant les narines, à mi-hauteur du nez, on appuie sur la tache vasculaire, responsable du saignement et on aide la mise en place de la coagulation. Il ne faut pas avoir peur d’appuyer fortement sur les narines.
Dans la grande majorité des cas, le saignement va s’arrêter de lui-même avec la compression manuelle.
En cas d’échec après 10 minutes de compression efficace, on peut refaire une seconde tentative, en prenant soin de se moucher avant, mais en cas de nouvel échec, il vaut mieux aller aux urgences afin de se faire poser dans le nez une mèche imprégnée d’une substance qui va réduire le diamètre des vaisseaux qui saignent (vasoconstricteur) et maintenir la compression sur la tâche vasculaire le temps nécessaire à la coagulation.
La mèche devra être retirée par un médecin ORL dans les 48 heures pour réévaluation de la situation.
Quand aller aux urgences ?
La plupart des cas de saignement de nez sont bénins. En revanche, quelques cas doivent faire aller aux urgences ou au minimum appeler le 15 pour avoir un avis.
Si le saignement ne s’arrête pas avec la compression manuelle de 10 minutes.
Si la personne qui saigne du nez saigne des deux narines en même temps.
Si la personne qui saigne du nez prend un traitement pour fluidifier le sang, tel que aspirine (kardegic), clopidogrel (plavix), fluindione (previscan) pour les plus prescrits.
Si la personne devient pâle, transpire fortement, a une tension qui est basse (normalement la réaction du corps en cas de saignement de nez est d’accélérer le cœur et d’augmenter la tension), le cœur qui bat très vite (aux alentours de 90-100 battements par minute).
Enfin, en cas de répétition à intervalles rapprochées des saignements de nez, il peut être prudent d’aller consulter un médecin ORL afin de vérifier qu’il s’agisse bien de saignements de nez bénins et non d’un témoin d’un problème sous-jacent.
L’essentiel à retenir est que les saignements de nez sont dans la plupart des cas bénins, et que le meilleur traitement est la compression manuelle des narines pendant 10 bonnes minutes. Avec ces deux données la grande majorité des saignements de nez ne devraient plus vous inquiéter outre mesure.
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Crédit photo : Moominmolly
Merci pour ces explications.
Juste pour l’anecdote, deux autres causes chez moi :
en cas d’abus de chocolat et de café, je saigne plus souvent du nez. Je m’en étais rendu compte, un médecin m’avait dit « aucun rapport, c’est n’importe quoi », mais j’ai retrouvé depuis ces données (saignements du nez parfois favorisés par ces substances) dans un ancien livre de médecine du Japon !
Quand j’étais enfant et adolescent : quand je restais longtemps le soleil, surtout le soleil de mars, avril, hop, saignement de nez aussi. Là, je n’ai pas trouvé d’article qui en parle !