Cette semaine, je participe à un carnaval d’articles sur la santé, organisé par Fabienne, du blog “Avoir un bébé”. Pour ce premier carnaval nous avons choisi d’explorer le thème de la prévention. Chaque blogueur participant développera son point de vue sur la question. Pour retrouver les articles des autres blogs, rendez-vous directement sur avoir-un-bebe.fr.
Qu’est-ce que la prévention en médecine ?
La prévention est l’ensemble des mesures que peut prendre un être humain pour son corps afin de préserver sa santé le plus longtemps possible et éviter ainsi les maladies ou, lorsque la maladie est déjà installée, les complications de la maladie.
La prévention vue par les médecins
Bien que la prévention soit une démarche tout à fait honorable, de manière paradoxale, elle n’est pas très “populaire” parmi les médecins et ce, pour plusieurs raisons :
- le temps : décider de parler prévention avec un patient, est un acte qui prend du temps et qui prolonge d’autant la durée de la consultation, qui est en moyenne de 10 à 15 minutes.
- la rentabilité financière : comme le dit le dicton “le temps, c’est de l’argent” ; et la médecine n’échappe pas à cette règle ! Accepter de passer du temps à éduquer un patient, c’est également accepter de faire moins de consultations en une journée, soit moins de revenus.
- la gratuité : prodiguer des conseils de prévention à un patient est pour le moment un acte “gratuit” car bien que faisant partie de la prise en charge, il n’est pas compris dans les grilles de cotation des actes médicaux. Un médecin ne sera donc pas plus payé car il aura passé 30 minutes à expliquer pourquoi il faut prendre soin de son corps que si il ne le fait pas.
- l’absence de retour : si une grande partie des patients ne suivent pas les prescriptions de leur médecin en ce qui concerne la prise des médicaments, quelle garantie ont ces derniers que leurs patients suivront leurs conseils de prévention ?
Patients et médecins : un problème commun
Respecte-toi si tu veux qu’on te respecte.
En dehors des arguments économiques, notons toutefois un problème que les médecins n’abordent étrangement pas souvent : ils ne prennent pas plus soin de leur corps que leurs patients. Savoir ce qu’il faudrait faire, n’est absolument pas la garantie d’appliquer soi-même les recommandations que l’on fait à ses patients.
Les médecins se comportent exactement comme le reste de la population : ils boivent, fument, mangent mal, préfèrent guérir que prévenir ; en somme ils ne sont pas convaincus à 100% de la nécessité de respecter leur corps. Dans ce cas, faut-il s’étonner que le message ne passe pas auprès de leurs patients ? Et d’ailleurs, comment se fait-il que les médecins ne soient pas plus sensibles que leurs patients à la nécessité de soigner leur corps ?
Prévention et société
Les médecins n’étant qu’un échantillonnage de la population générale, ils obéissent aux mêmes règles. Avant d’être des médecins réfléchis, ils sont surtout des consommateurs, soumis à la loi du marché. Et c’est bien là que se situe un des problèmes de base : les messages de prévention sont les ennemis de la société de consommation. En économie de la santé, on parle de CSBM, comprenez “consommation de soins et bien médicaux”. L’hôpital, bien que s’en défendant encore, se comporte comme une entreprise, cherchant toujours à faire de plus de chiffre, d’actes, de prescriptions etc. Or, la logique de l’entreprise est de favoriser indéfiniment la croissance. Sauf que, croissance et prévention, cela ne va pas bien ensemble. Si les populations suivent les messages de prévention, protègent leur corps ; le nombre de malades diminue, invariablement. Et si vous n’êtes jamais malade, vous ne consommez pas de “biens de soins médicaux”. Sans CSBM, pas d’hôpitaux, pas d’économie, pas de croissance… mais des personnes en bonne santé. Il faut donc que les gens tombent malades pour que le système fonctionne. Et là, je ne suis plus d’accord, car ce que nous sommes en train de vivre c’est à peu de chose près ceci :
“Aujourd’hui en France, nous avons de la chance ! Grâce à la société de consommation, n’importe qui a le pouvoir de développer dans son propre corps, un diabète, une maladie cardiovasculaire et bien d’autres occupations encore ! Alors, vous aussi participez à la consommation de soins et bien médicaux de votre pays en faisant abstraction de ces choses dégoutantes que sont les fruits, les légumes et le sport : optez pour les protéines animales en grandes quantités et les sucres rapides ! Vous deviendrez ainsi le prochain patient en ALD30 et ferez la fierté de l’économie mondiale ! Alors, n’attendez plus !”
Au cours des enseignements universitaire, j’avais suivi un module sur la prévention en médecine générale ; module que le médecin qui nous faisait cours avait conclu par “de toute façon, la prévention, ça ne sert à rien !”. Une conclusion tout à fait exacte actuellement ; car elle est délibérément voulue. Les personnes les plus adaptées à la société de consommation que nous avons créée, sont inévitablement insensibles à la prévention en raison du message dominant : consommer c’est bien ! La croissance, c’est bien ! Achetez de l’alcool, consommez des cigarettes, des hamburgers, des pizzas ; bon n’oubliez pas quelques fruits et légumes, mais continuez à consommer plus que nécessaire. Certes, la satisfaction est présente, temporairement, durant quelques instants, mais ce que l’on oublie, c’est que notre corps est comme notre planète. Nous avons et nous vivons avec des ressources limitées ; et cela, qu’on le veuille ou non, c’est un fait. Si nous consommons trop de notre capital santé et c’est à 99% d’une manière ou d’une autre toujours le cas, notre capital s’épuise jusqu’à ce que notre corps n’arrive plus maintenir l’équilibre. Nous tombons malades ; inévitablement.
Je connais quelqu’un qui…
Pour nous rassurer, nous sommes capables d’utiliser toutes sortes de subterfuges. “La prévention… ouais… mais je connais quelqu’un qui a vécu jusqu’à 100 ans et qui a fumé et bu toute sa vie ! Et toi, tu me donnes quelle garantie pour tous les efforts que je vais faire ?” Cette phrase que j’ai entendue sous diverses formes, est vraiment l’illustration parfaite du déni. On préfère se focaliser sur un cas exceptionnel, plutôt que sur les 99 cas qui finissent mal ; car c’est vraiment ce qui se passe en ce moment. Lorsque vous visitez les services de gériatrie, vous voyez des patients aux alentours des 80-90 ans. Oui, ils sont toujours vivants, mais… dans quel état. Et avec quelle qualité de vie ? Simplement en lisant leur dossier médical, on devine quelle a été leur vie, les excès qu’ils ont fait, tout cela juste en lisant le nom de leurs maladies. Et surtout, on se rend compte… à quel point leurs problèmes de santé actuels auraient pu être évités. A quel point en prenant soin de leur corps ils auraient pu être des personnes âgées actives, profitant de ces années gagnées sur l’espérance de vie.
Honnêtement à ce stade, il est trop tard. Même pour moi qui n’aime pas prescrire de médicaments, je ne vois pas d’autre choix que de laisser leur liste d’une dizaine de molécules en l’état, car quelle solution ? Ils auraient eu 40, 50 ans, la prévention aurait clairement son rôle à jouer pour modifier la suite de leur histoire mais là… c’est trop tard et c’est à la fois déprimant et révoltant de voir à quel point nous sommes victimes des excès de consommations vendus par nos pairs comme “parcelles de bonheur”.
N’attendez jamais !
Vous l’avez compris, pour moi, la prévention est essentielle. J’imagine que de votre point de vue, prévention = privation. Mais cette impression est conditionnée par l’environnement dans lequel vous évoluez. Vous avez vos habitudes et celles-ci sont pour la plupart en désaccord avec les principes de préservation. Le fait de fumer, de boire de l’alcool, de consommer quotidiennement des produits d’origine animale, accepter le stress et l’entretenir, se sacrifier, refuser le repos à son corps etc. Autant de socles de votre vie quotidienne, dont vous SAVEZ pertinemment qu’ils sont néfastes à votre santé tant physique que mentale, mais dont vous ne savez plus vous passer. Et d’ailleurs, vous n’êtes même plus sûr(e) de savoir faire sans. Pourtant si, c’est possible et sans être malheureux pour autant. Et si nous prenions comme définition prévention = respect.
Respect de son corps et de ses besoins ; c’est à dire manger de manière intelligente et simple, des aliments qui nous permettent de fabriquer des cellules efficaces, boire essentiellement de l’eau, dormir de manière à nous sentir reposé, abandonner les toxiques, pratiquer une activité physique au moins 4 à 5 fois par semaine. C’est pour ma part la stratégie que j’ai décidée d’adopter et d’aucune manière je me sens privée de quoi que ce soit d’important. L’objectif de cette démarche étant de conserver de bonnes relations avec mon corps pour qu’il puisse me protéger des maladies et ainsi d’avoir à prendre des médicaments aussi longtemps que possible. Pour cela, il faut nécessairement avoir une bonne hygiène de vie et être rigoureux. Car s’il y a une chose que j’ai comprise depuis longtemps, c’est qu’il ne faut jamais compter sur les autres pour prendre soin de notre santé, pour une raison évidente : les autres ne prennent pas soin de leur santé, alors pourquoi prendraient-ils soin de la mienne ?
Alors vaut-il mieux prévenir que guérir ? Définitivement oui. Guérir, c’est ce que l’on nous vend ; quelle que soit la bêtise que vous ferez, les excès que vous vous infligerez, ne vous inquiétez pas, une solution existe toujours ! Sauf que dans la réalité les solutions sont coûteuses et donc pas pour tout le monde (traitements), elles laissent des traces (séquelles) qui vont à leur tour créer d’autres maladies en affaiblissant des organes qui ne l’étaient pas et, enfin, notre qualité de vie est diminuée à jamais grâce aux maladies chroniques que nous avons ainsi provoqué. Être vivant mais sans pouvoir en profiter, est-ce là ce que vous imaginez pour votre avenir ?
Excellent ton article Ludivine!
Tu poses le problème dans des termes qui montrent ta clairvoyance: la prévention va à l’encontre du « toujours plus » de la société de consommation dont nos oreilles sont rebattues à longueur de temps.
C’est une réalité que la prévention ne va pas dans le sens des intérêts financiers des grands groupes, même si on veut nous endormir en nous faisant croire le contraire…
La question, comme tu conclus, est « quelle qualité de vie nous voulons pour nous? ».
Bravo!
Merci Philippe
Bravo Ludivine.
Au problème financier de la prévention, s’ajoute malheureusement parfois une trop grande spécialisation des médecins qui leur fait alors perdre de vue l’aspect global de l’individu.
Ainsi un problème de fixation de calcium, de cholestérol et de rhumatisme peut être amélioré par la nutrition et quelques exercices de gestion du stress pour renoncer aux mauvaises habitudes alimentaires. J’en ai fait l’expérience.
La prévention est un domaine que beaucoup de médecins délaissent dans ces conditions ; le naturopathe en tant qu’éducateur à la santé a du travail y trouve sa justification…
Merci pour ton article pertinent,
Fabienne
Bonjour Fabienne, tu as très bien identifié le problème : la médecine voit beaucoup trop les humains appareil par appareil. Bien que quelques tentatives de vue d’ensemble existent dans les spécialités s’occupant des classes d’âge (pédiatrie, gériatre et médecin généraliste), le reste des médecins aime cibler un aspect de l’individu.
La nutrition est définitivement une voie essentielle en médecine, mais elle a un gros défaut, elle ne rapporte rien aux laboratoires. La définir comme pierre angulaire de la santé est donc un pari inadapté à l’ère du temps. Pas au programme officiel, donc pas valable, c’est trop souvent ce que j’entends.
Merci pour ton commentaire averti
Bonsoir Ludivine,
joli coup de gueule, qui fait d’autant plus plaisir à lire qu’il vient d’une (quasi ?) médecin*.
Ceci dit, même pour des maladies gravissimes de personnes très âgées, je ne suis pas d’accord sur l’opposition prévention par l’hygiène de vie /guérison par les médicaments.
C’est un des prochains caps je pense pour la médecine en général, de réaliser que l’hygiène de vie (alimentation, activité physique adaptée, …) peut aussi amener une guérison, ou plutôt une amélioration nette de pathologies graves, et permettre d’adapter plus finement la posologie des médicaments, voire dans quelques rares cas de les supprimer.
Je ne sais pas à quelles pathologies vous pensez, mais il y en a pourtant beaucoup devant lesquelles s’installe une fatalité générale, quand ça touche une personne âgée, qui pourraient être beaucoup moins pénalisantes pour le malade. Je pense à des maladies comme parkinson (qq rares témoignages pour un bienfait étonnant du régime seignalet quand c’est pris à temps, d’autres vantent les apports d’une activité physique quotidienne), des malaises parfois très invalidants pour les personnes seules regroupés sous le nom de spasmophilie, les rhumatismes articulaires, un infarctus, pour éviter une récidive, l’angor, la goutte, etc.
Olive verte
* Les commentateurs de ce blog moins raisonnables que d’autres, comme moi, seront ils invités à boire le champagne pour le doctorat ?
Merci pour ce commentaire pertinent. Je suis restée « soft » en opposant nutrition-prévention et guérison-médication. Je rejoins parfaitement votre raisonnement sur le traitement de nombreuses pathologies par la nutrition. Pour autant, il faut voir les conditions dans la réalité. J’essaie d’ouvrir le débat dans les services où je suis en stage, mais les oppositions sont assez violentes. De plus, il faut voir que les plats servis dans les services arrivent à des températures telles (vers les 85°C il me semble) que pratiquement aucune vitamine ni minéraux ne survit. Au final, on peut se demander ce que mangent les patients, car tous les bienfaits des légumes et autres aliments sont détruits par des cuissons indaptées… mais adaptées à une « sécurité microbienne » maximale. En revanche, instaurer des traitements par la nutrition chez des patients à domicile, sera bien mon intention, pour autant que les personnes soient confiantes, conscientes de ce que cela implique et motivées par cette démarche.
Pour le doctorat, pourquoi pas ! Mais il y a encore quelques années à attendre
Merci pour ce commentaire pertinent. Je suis restée « soft » en opposant nutrition-prévention et guérison-médication. Je rejoins parfaitement votre raisonnement sur le traitement de nombreuses pathologies par la nutrition. Pour autant, il faut voir les conditions dans la réalité. J’essaie d’ouvrir le débat dans les services où je suis en stage, mais les oppositions sont assez violentes. De plus, il faut voir que les plats servis dans les services arrivent à des températures telles (vers les 85°C il me semble) que pratiquement aucune vitamine ni minéraux ne survit. Au final, on peut se demander ce que mangent les patients, car tous les bienfaits des légumes et autres aliments sont détruits par des cuissons indaptées… mais adaptées à une « sécurité microbienne » maximale. En revanche, instaurer des traitements par la nutrition chez des patients à domicile, sera bien mon intention, pour autant que les personnes soient confiantes, conscientes de ce que cela implique et motivées par cette démarche.
Pour le doctorat, pourquoi pas ! Mais il y a encore quelques années à attendre
Bonjour,
Quel triste constat, mais on ne peut plus réaliste.
En tant que patiente, je regrette beaucoup que mon médecin ne s’intéresse pas plus à la prévention.
Lorsque je lui dis que je lui dis que je fais du yoga pour garde la forme et une meilleure santé il a l’air septique.
Pourtant le yoga fait partie des pratiques le meilleurs pour la prévention.
Quel médecin va conseiller à son patient de faire du yoga, de la méditation ou d’avoir recours à un naturopathe, acuponcteur ou autre ?
Je n’en connait pas car ils n’y croient pas et c’est bien dommage.
Bonjour Danièle, la réaction de ton médecin ne me surprend absolument pas. L’enseignement médical ne s’intéresse pour l’heure pas du tout aux effets de la méditation et du yoga sur le psychisme. Pourtant, des effets bénéfiques ont été démontrés. Après, il faut aussi voir que pour que ces effets soient quantifiable, la personne qui pratique l’activité doit être assidue et le faire de manière régulière. Une séance par mois, cela n’a pas grand sens !
Je rebondis sur le passage concernant la santé des médecins : j’ai toujours été abasourdie de voir le système des gardes de plus de 24 h et autres trouvailles pittoresques et complètement aberrantes au point de vue de la santé de celui (celle) qui est ainsi privé de repos. Sans parler des risques d’erreurs liées à l’état de fatigue.
Intéressante remarque, je m’étais déjà fait cette réflexion. Le système de garde m’apparaît également comme un paradoxe affligeant de l’état de « santé » de la médecine actuelle. Négliger la santé de ceux qui sont sensés préserver celle de leur semblables… un message qui traduit bien le manque de sens dont souffre notre société.
En ce qui concerne la nutrition, je suis de plus en plus sensible au fait que les médecins ne pensent pas à demander comment on mange quand on se plaint de maux tels que l’eczéma, et bien sûr n’indiquent pas de conseils nutritionnels pour accompagner l’effet des médicaments prescrits.
J’y suis d’autant plus sensible que depuis des années, je compulse régulièrement le « Dictionnaire homéopathique » de Louis Pommier (livre de Poche) qui donne des explications sur les maladies en plus des indications de traitement par médicaments homéopathiques, mais aussi très souvent des conseils diététiques destinés à accompagner la guérison et la convalescence.
Bon, je suis rarement les conseils donnés, mais je sais qu’ils sont là.
Bonjour et Ouoihhhh pour votre article
Non seulement je le trouve très pertinent mais en plus il mène à la « réflexion individuelle ». Les métaphores que vous faites sont vraiment éloquentes. Je n’aurai pas su m’exprimer ainsi mais je rejoint totalement votre opinion
En lisant votre article, des souvenirs de lorsque j’étais étudiante infirmière me sont revenus :
Sur les bilans de fin de stage fait par l’équipe soignante à révéler un point commun à tous les stages que j’ai fait en médecine générale (il faut entendre ici : par différence avec service de psychiatrie) Ce point commun que tous ces professionnels voyaient comme négatif était que je passais trop de temps auprès des patient(e)s. Et oui, tout comme la prévention, la relation d’aide, n’a pas sa place puisque également non rentable économiquement. Malgré que ça faisait baisser ma note générale à chaque fois, je n’ai jamais réussi à faire autrement, pour moi prendre le patient dans son intégralité, c’est aussi prendre le temps de discuter. Heureusement je ne suis pas la seule infirmière à penser de la sorte mais malheureusement nous sommes bien peut à pratiquer cette fameuse relation d’aide dont la prévention fait entre autre partie !
Une autre chose frappante toujours par rapport à la relation d’aide : J’ai fait une première année d’école d’infirmière à l’assistance publique (Bichat) que je n’ai pas validé. Et bien figurez vous que en un an, nous n’avons pas eut un seul cours sur la relation d’aide alors qu’après cet échec, j’ai validé mon diplôme d’Etat d’infirmière à Maison blanche (spécialisé psychiatrie) et bien la 1ère année, nous avons eut 2 modules sur la relation d’aide !!! Ca laisse réfléchir sur la qualité de formation des hôpitaux les plus réputés non ?
Encore un article très pertinent !
Il est vrai que l’on constate souvent que les médecins ne font pas tellement attention eux-mêmes (il suffit de voir l’embompoint, ou l’état des dents ou de la peau, parfois) et qu’on ne se sent pas toujours encouragés dans sa propre démarche. Voire, si on est dans la logique « alcool / clope / malbouffe », on peut se sentir conforté dans son approche, après tout, le médecin SAIT, alors s’il le fait c’est que ce n’est pas si grave.
Et il est sidérant de voir ne serait-ce que les réactions de l’entourage quand on s’écarte un tant soit peu de la « normale » : « mais tu ne prends pas de viande ce midi ? Mais tu vas avoir faim ! Je sais pas comment tu fais moi je ne peux pas m’en passer ». Je veux dire, il ne s’agit même pas de végétarisme, simplement d’UN repas sans protéines animales !
De manière intéressante, je répondais l’autre jour aux questionnaires de l’étude NutriSanté (voilà une démarche qui pourrait mettre en lumière ce lien hygiène de vie / santé), et quand je signalais une consommation d’eau, aussitôt le système me demandait si je n’avais pas oublié un produit apéritif ! C’est idiot, mais j’ai trouvé la logique carrément tordue – y a-t-il des gens qui signalent l’eau et considèrent que le pastis ne compte pas ?…….
Ce n’est pas moi qui vais te dire le contraire
Et effectivement, en plus de la prévention, il y a aussi trop de méconnaissances sur les aliments et produits naturels qui peuvent accompagner un traitement, ou inversement qui sont à éviter.
Quel médecin sait par exemple que le pamplemousse perturbe l’absorption d’un médicament ?
[...] notre étudiante en médecine, explore “Vaut-il vraiment mieux prévenir que guérir ?” Avec sa vision particulière, vous découvrirez qu’un médecin qui fait de la prévention [...]
Très intéressant…
De nature raisonnable mais occasionnellement compulsive (et insécure) j’ai souvent considéré certains discours préventifs comme excessifs, moralisateurs et déprimants (oui je compense mes coups de déprime par des excès alimentaires, je sais que c’est mal mais cela remonte très loin dans mes origines).
Pour une fois, ton discours ne m’a pas rebutée, car il est « soft » comme tu dis, pas moralisateur et surtout tu mets en oeuvre ce que tu recommandes, ce qui est si rare (je me souviens d’un gynéco ahurissant qui m’accueillait en se shootant à la cortisone en m’avouant que c’était à ne pas faire mais nécessaire pour continuer son boulot… tu parles d’un boulot. Puis de critiquer les « petits problèmes des femmes » de manière misogyne, et enfin de m’engueuler après m’avoir charcutée à vif parce qu’il « détestait » poser l’implanon. Une perle, quoi.)
Pour en revenir au sujet, je suis touchée par ton discours mais il y a encore quelques manques:
- les comportements de comsommation ne sont pas uniquement liés au discours marketing: ce discours fonctionne uniquement parce qu’on est dans une société individualiste, hédoniste (il n’y a qu’à voir le succès de Michel Onfray) et s’ancre particulièrement dans une grande fragilité psychologique (liée peut-être à cette philosophie et à la solitude qu’elle engendre). Les comportements à risques, y compris alimentaires, sont à mon sens toujours des compensations de souffrances qui ne trouvent pas de réponse adaptée (stress, dépression,…). Dans ce cas, donner un discours « préventif » ne sert souvent qu’à aggraver l’angoisse/ le sentiment d’échec de ces personnes, et donc à renforcer leur dépendance. (Je ne suis pas psy, hein, je généralise seulement un peu vite de nombreux cas de mon entourage, et même un peu le mien).
- un des obstacles au changement, c’est l’environnement. Je ne me vois pas changer seule d’alimentation quand toute ma famille mangerait différemment. Je ne me vois pas non plus prendre cette décision pour les autres. En particulier lorsqu’elle requiert un véritable effort: faire du sport, cela prend du temps. Quand on bosse et qu’on a des bébés, le temps est une ressource critique. Changer de mode alimentaire est également difficile. Il ne suffit pas de convaincre les gens dans ces changements majeurs, il faut les accompagner dans la durée pour surmonter tous ces obstacles.
Alors oui, faire de la prévention, je suis bien d’accord, c’est plus que nécessaire. Mais plus que dire où il faut aller, le mieux c’est d’expliquer comment. Par étapes. Afin que l’idéal devienne atteignable par TOUS et que ce ne soit pas une frustration de plus…
Cela dit je suis tout à fait d’accord avec le fait que cela fait partie du rôle du médecin que d’aider à préserver la santé, et pas seulement de la « racommoder » avec des remèdes quand le mal est fait. Et que le respect du corps, si important, est une façon de penser étrangère à notre société.
Allez, je vais ranger mes biscuits et boire un verre d’eau!
La face obscure de la prévention :
C’est une philosophie de la vie qui arrange bien la société. Prévention, en effet, rime avec modération, prudence, contrôles, et peur de la mort. Et c’est bien pratique quand on souhaite la retenue, quand veut former des citoyens sages, dépendants et timorés. (Vie du corps et vie de l’esprit ne sont pas séparés.)
D’ailleurs, il y a un endroit où la modération, l’attention à soi ne sont pas les bienvenus, c’est au travail. (Misère de la médecine du travail)
Est-ce vraiment notre idéal : battre le record de longévité ? Pourquoi alors les personnes âges sont-elles si mal accueillies voire mal traitées ?
Cette mentalité mesquine et ce flicage de plus en plus accentués sont vraiment pénibles.
Si vous voulez le savoir vraiment, je pense que vous vous apercevrez que ce que demande la grande majorité des Français, ce n’est pas de vivre 5 ans de plus, c’est d’être bien accueillie, bien traitée, bien accompagnée dans les hopitaux.
Le monde médical comprend la prévention comme le dépistage, l’abstention de fumer, ne pas grossir, prendre des médicaments comme les statins … La prévention c’est aussi la compréhension du monde médical et le public que la plupart de nos maladies chroniques viennent de la toxicité de notre environnement: pesticides, certains plastiques, les champs électromagnétiques, la pollution de l’air, du sol, de l’eau … Les chercheurs établissent les preuves que les maladies des enfants et même des adultes commencent dans le foetus, et donc, les femmes enceintes doivent se protéger pendant la grossesse. Le public a une responsabilité de s’informer et de combattre pour le règlement plus stricte – même l’élimination – des substances toxiques dans notre environnement