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Dimanche 26 octobre 2014

A propos de l'auteur

Bonjour et bienvenue ! Je m’appelle Ludivine, je suis interne en médecine générale et future généraliste. A travers ce blog, j'aimerais à la fois vous transmettre l'essentiel des bases pour bien comprendre votre corps et vous aider à mieux apprivoiser la logique du monde médical.

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Automédication : 9 règles pour éviter le surdosage !

En cas de douleur intense, comme une rage de dents, on a tendance à se précipiter sur les médicaments contre la douleur. Après un cachet, si la douleur ne passe pas, que faire ? Prendre un second cachet ? Essayer un autre médicament contre la douleur, ou bien ? Avant de commencer à mélanger les médicaments contre la douleur, lisez cet article, afin de ne pas mettre votre santé en danger.

J’ai trop mal !

Il y a quelques semaines, je voyais en consultation un homme d’une vingtaine d’années qui venait en pleine nuit pour une sinusite. La douleur était intense et avant d’aller aux urgences où je travaille, il était déjà passé chez son médecin traitant pour avoir un traitement. Son médecin l’avait mis sous antibiotiques, anti-inflammatoires et antalgiques (= anti-douleurs). Seulement voilà, en l’interrogeant pour savoir ce qu’il avait pris comme médicaments, il me dit qu’il avait pris de l’efferalgan et de l’ixprim. Deux médicaments anti-douleurs. Ce qu’ignorait ce jeune homme, c’est que ces deux médicaments contiennent en partie la même molécule. Là, je lui demande combien il en a pris et il me dit 8. A ce moment je lis l’ordonnance de son médecin qui précisait bien 4 comprimés par jour d’ixprim et ne parlait pas d’efferalgan.

Au final, ce jeune homme, sans le savoir, a pris deux fois le même médicament et, comme nous allons le voir plus loin, a risqué de détruire une partie de ses organes.

Découvrez un médicament révolutionnaire !

Les noms de médicaments sont faits pour vendre. Notre société est tellement rongée par le besoin de fabriquer de l’argent et le faire circuler, que même la santé est devenue un produit marketing. Les médicaments, par les chiffres d’affaires hallucinants qu’ils génèrent auprès des laboratoires, sont devenus des produits à faire vendre, au même titre que les vêtements, les bijoux, les smartphones et tous ces objets plus ou moins utiles que l’on cherche à nous faire acheter. Les techniques de vente, qui jouent essentiellement sur le manque, fonctionnent pour tout. Nous sommes tous faits selon le même modèle et pour cela, nous faire croire qu’un médicament est révolutionnaire marche.

Mais si l’on se penche plus près, sous les noms de marque se cachent des molécules qui sont les principes actifs du médicament, les substances qui vont agir dans le corps.

Tout le monde connaît le paracétamol, un médicament ou plutôt une molécule qui sert à faire baisser la fièvre, à diminuer les douleurs. Seulement voilà, le paracétamol s’appelle aussi d’un point de vue commercial : Doliprane, Efferalgan, Dafalgan lorsqu’il est “pur”. Tous ces médicaments sont en réalité une seule et même molécule. Donc si vous prenez un de chaque, en fait, vous prenez 3 fois le même médicament.

La potion magique…

Ajoutez au paracétamol et à ses nombreuses variantes le fait que certains médicaments contiennent du paracétamol, tel que :

Ixprim : paracétamol + tramadol

Codoliprane / Dafalgan codéiné : paracétamol + codéine

Idem avec d’autres molécules telles que les anti-inflammatoires qui même si ils ne contiennent cette fois-ci pas la même molécule, contiennent des molécules qui ont les mêmes mécanismes d’action sur le corps. En somme, les associer c’est risquer le surdosage !

Exemples de médicaments qui ont tous des noms différents, mais la même action et qu’il ne faut jamais mélanger :

Profénid : kétoprofène

Nifluril : acide niflumique

Surgam : acide tiaprofénique

Toujours parmi les anti-inflammatoires, quelques exemples de médicaments identiques au niveau de la molécule active :

Nurofen : ibuprofène

Advil / rhinadvil : ibuprofène

Brufen : ibuprofène

Antarène : ibuprofène

Cliptol : ibuprofène

Spifen : ibuprofène

Impressionnant non ? Autant de noms commerciaux différents pour un même effet au final.

Les 9 règles

La différence dans tous ces médicaments, réside souvent dans le fait que les dosages sont différents (nombre de milligrammes/mg variables), ou encore les agents d’enrobage.

En pratique, l’auto-médication devrait rester exceptionnelle et surtout éviter l’association de molécules différentes. Si toutefois, on opte pour l’utiliser, il faut apprendre à se responsabiliser pour ne pas avoir à penser “si j’avais su…” en cas de problème.

Voici 9 règles à connaître avant de prendre un médicament :

1. Apprendre à lire les notices des médicaments : la molécule active est détaillée avec son dosage. Par exemple pour le doliprane, sur la notice vous pouvez lire tout au début dans la partie “composition”

paracétamol……………………………………………1 g ou 500 mg etc.

C’est la molécule active qui est citée à cet endroit.

2. La molécule active se retrouve également sur l’emballage/la boite. Si c’est un générique vous lirez directement “paracétamol” puis le nom du laboratoire. Si c’est une marque vous aurez “doliprane” et juste en dessous en petit “paracétamol”.

3. Les molécules actives ne sont pas toujours les mêmes mais l’effet sur le corps est le même. Comment savoir si l’effet va être le même ? Idem, en regardant la notice, il y a de la même manière une partie intitulée “classe pharmaco-thérapeutique”.

ANALGESIQUE (pour le paracétamol)

Vous noterez dans le même temps que aspirine et paracétamol ne sont pas la même molécule ! Souvent, nous pensons que ces deux molécules agissent de la même manière, mais pas du tout !

4. Repérez “l’indication” dans la notice, également précisée au début, qui représente les circonstances dans lesquelles on va utiliser le médicament.

5. N’associez pas deux fois le même type de classe pharmaco-thérapeutique, même si les indications sont différentes !

6. Sachez également que la classe pharmaco-thérapeutique ne fait pas tout, car certains laboratoires spécialisent un médicament (un dosage bien précis par exemple 75 mg) pour une utilisation (indication) particulière, ce qui va faire que la classe pharmaco-thérapeutique sera pour exemple “anti-thrombotique” mais que la même molécule au dosage de 1000 mg, contenue dans un autre nom commercial aura comme classe pharmaco-thérapeutique “antipyrétique/antalgique” ! Dans l’esprit des gens, ce sont deux médicaments différents (en terme commercial OUI) mais en réalité, ce sont deux fois le même principe actif à dose différente !

7. Ne pas vous fier au fait que parce que l’enrobage, l’aspect d’un médicament est différent de l’autre, l’action n’est pas la même dans votre corps. Le paracétamol est à la fois la gélule jaune et bleue, ainsi que le comprimé blanc.

8. Eviter les mélanges de médicaments si vous n’êtes pas sûr de vos connaissances ! Ne rajoutez pas de médicaments à ceux qui ont été prescrits par votre médecin (comme le patient au début de cet article).

9. Plus généralement, évitez l’auto-médication si vous avez un traitement “à vie” que vous prenez tous les jours. Le risque d’interaction entre vos médicaments habituels et d’autres n’est pas négligeable ! Il faut également y penser, surtout si vous prenez des médicaments sensés vous garder en vie qui agissent sur la composition de votre sang comme l’aspirine par exemple (classe pharmaco-thérapeutique = anti-thrombotique, inhibiteur de l’agrégation plaquettaire).

Je ne serai pas surprise qu’après la lecture de ces règles votre esprit soit quelque peu embrouillé… L’utilisation des médicaments reste complexe en raison de l’inter-dépendance de tout ce qui compose notre corps. Vous l’aurez compris, mieux vaut être prudent et éviter de se lancer dans un auto-traitement allopathique (basé sur les médicaments issus des laboratoires pharmaceutiques). Les molécules sont puissantes, jamais sans risques liés à leur utilisation.

Optez toujours pour le conseil : un coup de fil à votre médecin ou à la pharmacie peut être un bon compromis si l’on veut à tout prix éviter une consultation…








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Crédit photo : jasmic



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3 Réponses de “Automédication : 9 règles pour éviter le surdosage !”

  1. Didier dit :

    C’est vraiment dommage que la santé soit devenue un produit marketé comme un autre.

    Bravo pour votre blog.

  2. melissa dit :

    Tres bon a savoir c’est top

  3. jimbo dit :

    « même la santé est devenue un produit marketing »
    La santé a toujours été considérée par certains comme un produit marketting, ça ne date pas d’aujourd’hui. Le mot « charlatan », qui de nos jours signifie « escroc », désignait autrefois les vendeurs ambulants de « potions miraculeuses » et autres « baumes prodigieux », au mieux inutiles, au pire dangereux.
    Sinon, merci pour cet instructif billet !

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