“Il est mort d’une embolie pulmonaire”, “c’était probablement une embolie pulmonaire”. D’accord docteur, mais en fait, c’est quoi une embolie pulmonaire ? Dans cet article, je vous propose de vous expliquer aussi simplement que possible ce qui se passe lorsque quelqu’un fait une embolie pulmonaire, d’où cela vient et comment on peut l’éviter.
Que se passe t-il dans le corps ?
Une embolie pulmonaire, c’est un morceau de sang coagulé (=embole ou caillot) qui vient se bloquer dans la circulation sanguine du poumon, là où le sang se recharge en oxygène.
Une fois le morceau de sang bloqué dans une artère pulmonaire (gros vaisseau en communication avec le cœur), le sang ne peut plus être rechargé en oxygène et c’est tout le corps qui ressent cette privation. Le cerveau y étant sensible, on peut assister à une perte de connaissance brutale ; la personne tombe dans les pommes sans prévenir car son cerveau manque d’oxygène.
Elle peut se réveiller si le caillot de sang n’est pas trop gros et se débloque tout seul, mais si le caillot est trop important il y a un risque que le cœur finisse par s’arrêter en raison du manque d’oxygène et de la trop grande pression créé par le blocage de l’artère. Le sang qui ne peut plus circuler “s’accumule” avant le caillot, augmente la pression, le cœur se dilate légèrement en amont, et en aval le sang manque. Devant cette anomalie, le cœur pompe dans le vide, commence à battre n’importe comment et finit par s’arrêter. La mort est très rapide car le cœur s’arrête pratiquement d’un coup.
Ci-dessus : Cœur « ouvert » comme si vous étiez face à la personne. Les flèches noires correspondent aux ventricules droit et gauche.
D’où vient le caillot et comment l’éviter ?
Le caillot vient généralement d’une jambe.
Il faut penser à la manière dont la nature nous a créés : pour marcher ! En marchant, notre pied appuie sur le sol, ce qui chasse le sang du bas du corps vers le haut, c’est un système de pompe. Marcher, chasser le sang des pieds vers le haut des jambes puis vers le cœur. Cela est rendu possible par le fait que les vaisseaux des jambes contiennent de petites valves qui empêchent le sang de redescendre. Bien entendu le sang continue à tourner naturellement, mais la marche est prévue dans notre corps pour améliorer ce retour du sang vers le cœur.
Lorsque le sang stagne trop longtemps dans les veines des jambes, il se met à coaguler, forme un petit caillot, voire un gros si la coagulation s’active fortement. Puis il reste collé à la paroi jusqu’à ce que l’on se remette à marcher et là, il se décolle, remonte dans la circulation jusqu’au cœur et va boucher l’artère pulmonaire. Alors comment éviter l’embolie ?
- ne pas rester immobile trop longtemps ! Si vous êtes à l’hôpital, il est possible que l’on vous propose des piqures à faire tous les jours dans le ventre. Il s’agit d’héparine, une molécule qui va bloquer le mécanismes de coagulation. Si c’est le cas, c’est que les médecins qui s’occupent de vous estiment que vous ne bougez pas assez.
- l’autre solution est de mettre des bandes ou des bas/chaussettes de contention : ce sont des chaussettes plus ou moins serrées qui empêchent la stase du sang dans les jambes en remplaçant le mécanisme des valvules. On les recommande également chez les personnes qui restent assises sans trop bouger pendant de longs trajets (en avion par exemple).
- bouger les jambes lorsque l’on ne peut se lever. Fléchir les pieds comme si l’on marchait, s’étirer… bref tout ce qui peut faire remonter le sang par contraction/compression des muscles des jambes.
Signes d’une embolie pulmonaire
- perte de connaissance si le caillot est suffisamment gros pour diminuer au moins temporairement l’approvisionnement en oxygène du cerveau. Le caillot peut également se dissoudre si le corps a les capacités de le faire, ce qui fait que la perte de connaissance peut être temporaire.
- cœur qui bat très vite (tachycardie), pour tenter de contre-balancer la pression anormale créée par le caillot.
- angoisse.
- douleur dans la poitrine sur le côté, brutale sans raison, très forte.
- essoufflement brutal qui traduit la diminution du taux d’oxygène dans le sang (désaturation). Elle est temporaire si le caillot n’est pas trop gros ou qui dure si le caillot ralentit fortement l’approvisionnement en oxygène du sang.
Ensuite il y a des signes que l’on peut voir avec des examens complémentaires, sur la radiographie des poumons, sur une prise de sang, sur un tracé de l’activité du cœur (ECG), sur une échographie du cœur…
Qui risque de faire une embolie pulmonaire ?
La question est : pourquoi le sang coagule alors qu’il ne devrait pas ? Cela peut arriver dans plusieurs cas stressant pour le corps, car la coagulation est une réaction de survie à une agression interne, généralement un trou qu’il faut colmater. Elle nous permet de bien cicatriser en cas de plaie, mais elle a tendance à s’activer également dans les cas suivants :
- femme enceinte : pendant la grossesse les taux d’hormones dans le sang qui contrôlent en partie la fluidité sont modifiés pour permettre au bébé de bien grandir. De plus, l’utérus contenant le bébé va appuyer sur les gros vaisseaux qui vont au cœur et qui remontent de part et d’autre de la colonne vertébrale, ce qui crée un ralentissement de la circulation. La plupart du temps aucun souci, la nature est bien faite, mais il y a un risque un peu plus grand que chez la plupart des gens.
- cancer : les mécanismes ne sont pas encore très clairs, mais on suppose que d’une part la tumeur (=cancer) utilise la coagulation pour aider à se disséminer. Le corps est comme soumis à un stress permanent (inflammation) qui active les mécanismes de la coagulation plus facilement.
- chirurgie : le fait d’ouvrir le corps et de toucher les organes les stresse. Cela entraine la libération de molécules qui favorisent la coagulation.
- alitement : le fait de rester au lit pendant plusieurs jours ou de rester dans la position assise sans marcher plusieurs heures de suite fait que le sang circule moins bien. Pour la majorité des gens pas de problème, le corps tolère, mais si vous avez des maladies chroniques, cela augmente les risques.
- tabac + pilule : une des raisons pour lesquelles on déconseille aux femmes qui prennent la pilule de fumer (surtout après 35 ans), c’est parce que les deux diminuent la fluidité du sang, alors les deux ensemble, cela augmente nettement les risques.
Comment ça se traite en médecine ?
La médecine allopathique utilise des molécules qui vont s’opposer aux mécanismes de coagulation : les héparines. Celles-ci sont issues soit de la synthèse en laboratoire, soit d’animaux. Ce sont de grosses molécules que l’on peut utiliser même chez les femmes enceintes car elles ne passent pas le placenta et ne vont donc pas dans le sang du bébé ni dans le lait maternel.
Les héparines sont utilisées pour éviter les embolies pulmonaires, elles rendent la coagulation difficile.
En cas d’embolie pulmonaire, on va mettre de l’héparine à forte dose en espérant détruire le caillot ou tout du moins l’empêcher de s’agrandir, mais le succès n’est pas toujours immédiat. La personne reste plusieurs jours sous ce traitement avant que l’artère soit à nouveau fonctionnelle. Si le caillot est trop gros, il est possible que l’on ait pas le temps de mettre l’héparine car le cœur s’arrête trop vite.
A part l’héparine, on peut utiliser des produits qui vont dissoudre le caillot (=destop pour les artères), mais c’est assez risqué car cela risque de provoquer des saignements ailleurs dans le corps. On n’utilise ces “déboucheurs” de vaisseaux que dans certaines conditions.
Enfin, on peut opérer, aller ouvrir le thorax pour accéder au vaisseau boucher, l’ouvrir, sortir le caillot et refermer (embolectomie). En pratique, c’est très risqué car on opère des gens dont le corps est très fragile puisque luttant déjà contre le caillot.
Conclusion
En somme, une embolie pulmonaire, c’est comme une crise cardiaque mais dans un vaisseau plus gros. Le diagnostic d’embolie pulmonaire reste un des plus difficiles en médecine, surtout lorsque l’on est pas à l’hôpital, car les signes ne sont pas toujours tous bien présents. C’est pour cette raison que le diagnostic est malheureusement régulièrement posé après la mort de la personne.
Crédit photo : Eva the weaver, Patrick J Lynch, Djneight
Bonjour Ludivine,
merci pour cet article qui m’éclaire un peu plus sur ce phénomène qui me touche particulièrement, car mon père est décédé de cette maladie en 2005 à 65 ans seulement et je n’avais pas très bien compris comment ça c’était passé en fait (il avait aussi des antécédents – alcool et cigarette)
Enfin, je retiens surtout qu’il ne faut pas rester inactif et se bouger les fesses
au moins une fois par jour… complété avec une bonne alimentation, tout devrait bien se passer.
bonne continuation à toi!
Daniel G
contente d’avoir pu t’aider dans la compréhension de ce qui s’était passé. 65 ans c’est en effet très jeune. j’espère que tu as pris soin de ne pas aller vers le tabagisme dans ce cas…
à bientôt
et bien depuis l’age de 15 ans où j’ai essayé ma première cigarette, j’ai toujours détesté cela, mais paradoxalement, une fois par an, j’aime bien apprécier un cigare, rien de plus (je ne m’explique pas comment c’est possible). Du côté alcool j’avais l’habitude d’apprécier quelques verres entre amis ou lors des repas, et depuis 3 mois j’ai réussi à diviser cette consommation par 10 avec la Méthode PNL de Anthony Robins (Pouvoir Illimité…un livre que je conseille à tous ceux qui veulent changer). je tends de plus en plus et lentement vers un esprit zen dans un corps zen
C’est pour cela que ton blog m’intéresse, il s’agit de découvrir la médecine sous un autre angle.
bonjour,
c’est tres bien expliqué, merci beaucoup pour ces informations, c’est bon de savoir tout ce mécanisme dans notre corps, car il vaut mieux comprendre les maladies afin d’éviter leurs causes
merci encore une fois
merci pour les encouragements soufiane
Merci pour ses explications Ludivine,
c’est bon à savoir,faut bouger,
alors à l’instant,je vais marcher !!!
bonne initiative!:)
Mais alors, comment font les moines bouddhistes quand ils méditent? ils peuvent rester des heures sans bouger, les jambes pliées, n’y a t-il pas un risque? je pose cette question à tout hasard, car ça m’est passé par l’esprit…
c’est une bonne question, je n’en sais rien! Soit leur état psychique influe sur leur circulation (je sais on est pas plus avancés avec cette hypothèse) soit leur mobilité par ailleurs compense leur inactivité, soit leurs conditions de vie spartiates activent naturellement la circulation sanguine… d’autres hypothèses ?
je ne vois pas d’autres hypothèses, je médite moi-même tous les soirs et après chaque séance, je dois faire des massages de mes membres pour réactiver le flux sanguin, donc je pencherai plus vers l’hygiène de vie…
bonjour Ludivine
c’est clair ,et concis donc pas d’indigestion en vue sur le sujet et donc le meilleur des langages pour tous( médecins s’adressant aux patients).
dans l’attente de votre prochain sujet.
bon dimanche
K
merci Karine pour le retour!
Pourquoi dire médecine ‘allopathique’ ? Tu veux dire ‘médecine qui utilise des médicaments de l’industrie pharmaceutique’ ?
(Parce que certains utilisent le terme de ‘médecine’ pour faire plus sérieux, alors qu’ils n’en n’ont pas le droit)
Oui, c’est ce que je veux dire.
Merci pour toutes ces informations passionnantes !
J’aurais envie d’ajouter que pour éviter la coagulation sanguine, et en prévention, on peut également manger de l’ail, cru de préférence, tous les jours…
ça peut éviter d’avoir recours à des substances chimiques, ça favorise la circulation sanguine, donc l’oxygénation.
C’est aussi un antiparasitaire, antibactérien, antifongique, antiviral… naturel.
Et comme on en mange avec les légumes et dans les salades, ça permet aussi de mieux se nourrir.
Si on prend l’habitude d’en manger, on le digère très bien, et comme ça assainit le corps, eh bien contrairement aux idées reçues, ça permet… d’avoir une haleine saine.
Bonsoir Sandrine,
merci pour ce complément d’informations. J’avais déjà lu des textes dans ce sens concernant l’ail et ses bienfaits. J’ai d’ailleurs augmenté ma consommation depuis mon changement d’alimentation et il est vrai que le corps s’y habitue au fil des mois. Il me semble avoir lu que la « dose » efficace pour approcher les effets d’un anti-aggregant plaquettaire était de l’ordre d’une ou deux gousses d’ail cru par jour ! Il faut savoir les placer dans l’alimentation, mais l’idée de la salade est très bien vue !