Vous aider à comprendre votre médecin et mieux vivre vos problèmes de santé
Samedi 27 août 2011

A propos de l'auteur

Bonjour et bienvenue ! Je m’appelle Ludivine, je suis étudiante en dernière année de médecine et future généraliste. A travers ce blog, j'aimerais à la fois vous transmettre l'essentiel des bases pour bien comprendre votre corps et vous aider à mieux apprivoiser la logique du monde médical.

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Imaginez, vous lisez un article médical dont le contenu vous surprend tellement que vous vous dites “tiens, est-ce vraiment possible ? Quelles sont les sources de cet auteur ?”, là vous allez directement en pied de page pour voir si les connaissances sont référencées. Vous voyez une liste assez fournie de chiffres et de lettres illisibles codant ces fameuses sources de savoir. Vous voilà rassuré(e), ce contenu n’est pas totalement tiré d’une illumination soudaine de son auteur. Pourtant, sur ce blog, il est rare de voir des références alors que je traite de connaissances scientifiques qui devraient faire appel à des séries de [1], [2] etc. Alors, pourquoi si peu de références ?

1. Police ! Vos sources s’il vous plaît.

De temps à autre, je lis des commentaires où vous me demandez quelles sont mes sources. Dans la majorité des cas, je suis relativement embêtée, car je les ignore moi-même. Comment est-ce possible ?

L’explication est très simple : le mode d’apprentissage. Durant nos 6 années de tronc commun (toutes futures spécialités confondues) nous apprenons sur deux supports. Le premier est l’enseignement facultaire où nous avons des cours, des travaux dirigés dispensés par des médecins et dont le contenu est transmis de manière orale. Aucune référence n’est donc citée à l’oral. Si des supports papiers sont distribués, ceux-ci ne comportent qu’irrégulièrement des références.

Le second support consiste en un ensemble d’ouvrages spécialement destinés aux étudiants et rédigés dans l’esprit de notre examen final, l’ECN. Dans ces livres, les connaissances sont référencées, mais le plus souvent sur la base d’autres ouvrages cités en référence ou de guides de la HAS, des recommandations de l’Afssaps d’où sont tirées les connaissances, donc toujours pas d’EBM, d’études.

Enfin, une troisième source informelle existe, qui consiste en une transmission orale de l’expérience, du terrain ; celle que chaque médecin se forge avec les années de pratique.

Ce mode d’apprentissage nous laisse totalement démunis face à la question “quelles sont vos sources ?” “mes sources ?… Euh, un médecin que j’ai croisé dans le service de cardiologie…”. Il est certain qu’avec ça, ça ne fait pas très sérieux. A vrai dire, nous ne sommes pas du tout “formatés” pour réfléchir sur des connaissances, nous sommes formatés pour devenir des techniciens. On nous dit quoi faire dans telle situation, on l’apprend par cœur, on réapprend quelques années plus tard en fonction des nouvelles recommandations de la HAS, de l’Afssaps et autre Dieu de la médecine, mais nous ne sommes pas réellement formés pour évaluer la validité, la crédibilité de nos cours.

De même, les étudiants n’ont strictement aucun intérêt à s’encombrer l’esprit avec des références d’études, car les connaître ne va pas du tout les aider à réussir leurs examens. Ne nous leurrons pas, tout ce qui n’est pas obligatoire pour un étudiant, est optionnel, donc inutile.

2. Vérifier la source ou l’impossible travail d’une vie

A partir de ces constatations, vous allez avoir au moins deux types de médecins qui vont coexister : ceux qui se satisfont des recommandations des autorités de santé, et ceux qui aimeraient en savoir plus.

Vérifier les connaissances enseignées, c’est un travail impossible. C’est une sorte de quête philosophique qui consiste à remettre en cause tous les fondements du quotidien du médecin, tout ce qui est tenu pour acquis. Par exemple, j’ai écrit récemment un article invité sur la fièvre chez l’enfant, et pour justement éviter d’avoir trop de questions sans réponses, je me suis lancée dans quelques recherches concernant le traitement par paracétamol, notamment la version recommandée par tous les “bons bouquins de pédiatrie” qui préconise de donner du paracétamol en sirop pour pouvoir adapter la dose au poids. Puis, regardant la nosographie dans le Vidal, j’ai été scotchée par la composition de ce sirop qui contenait de l’aspartame pour la version sans sucre et toute une liste de colorants, d’additifs, conservateurs etc. alors que la version suppositoire, ne contenait que de la glycérine en plus du paracétamol. La molécule est la même mais la version sirop, que l’on recommande, est celle qui contient tout un tas de substances inutiles au corps. Sachant qu’un enfant fait souvent de la fièvre, ça en fait des cuillères de sirop. Imaginons que je veuille me lancer dans la vérification de tout ce que l’on m’enseigne ; il faudrait plusieurs vies pour tout documenter.

L’histoire de l’aspartame (futur candidat pour être reconnu cancérigène) dans le sirop pour enfant n’est qu’un exemple de ce que l’on enseigne aux étudiants comme vérité absolue et comme recommandation pour la pratique quotidienne. Après, je ne dis pas non plus que c’est de la désinformation volontaire, mais je dis surtout que ce sont autant d’exemples du fait que nous sommes programmés pour suivre des recommandations. Bien entendu le cas inverse où chaque médecin ferait comme bon lui semble serait totalement anarchique et ne permettrait pas un bon taux de guérison, mais il y aurait peut-être une solution intermédiaire à imaginer.

3. La source est-elle seule vérité ?

La médecine actuelle est fondée sur l’EBM, les preuves scientifiques tirées d’études à grandes échelles (souvent financées par des laboratoires) sur des populations de personnes malades et non malades.

Doit-on pour autant rejeter toute information issue d’une autre source en médecine ? Pas forcément. Il faut notamment prendre en compte le fait que la plupart des études sont financées par des laboratoires. On imagine alors facilement que tous les traitements potentiels qui ne bénéficient pas de moyens financiers suffisants pour lancer ces études, ne pourront jamais démontrer leur efficacité. De plus, la durée et la complexité des démarches à faire avant de voir un traitement reconnu comme officiel et recommandé, ont de quoi décourager ceux qui ne sont pas sûrs de pouvoir compenser leurs dépenses par des bénéfices.

Tous ces traitements potentiels incluent des substances actives telles que la phytothérapie, l’aromathérapie etc. qui ont souvent l’avantage de générer moins d’effets secondaires, mais ne représentant pas forcément de grand intérêt pour les industriels. La nature ne pouvant directement être brevetée, mieux vaut se tourner vers des molécules semblables à celles de la nature qui pourront elles, générer du profit.

4. L’expérience peut-elle être source ?

L’expérience, se pose encore comme un cas à part, car elle reste personnelle et nécessairement teintée par le comportement de celui qui la détient. L’expérience pourrait pourtant être extrêmement valorisée et innovante, car partagée et mise en commun avec celle des autres, elle peut faire jaillir des similitudes et apporter des éléments pertinents face à des problèmes récurrents. Nous avons tous dans notre mémoire nombre de ces connaissances issues de notre expérience et de notre perception de la vie, qui ont une grande valeur, mais qui sommeillent dans notre esprit, faute d’exercice appris pour les valoriser.

Je n’ose imaginer la foule de connaissances acquises par les médecins au cours de leur vie, et qui ne mènera nulle part, car aucun “module” dans notre formation ne nous aura appris comment exploiter ces données. Quelques fois ces connaissances particulières sont entraperçues, par hasard au détour d’une conversation où l’on constate que les mêmes conclusions ont été faites, bien qu’en désaccord ou non abordées dans les recommandations ou autres guidelines de la pratique. Sont-elles importantes et discriminantes, je ne sais pas, mais elles mériteraient peut-être de faire l’objet d’une sorte de “pharmacovigilance” au même titre que les effets secondaires des médicaments. De plus cela permettrait à beaucoup de médecins de se sentir revalorisés dans leur rôle de praticien en leur donnant une « mission » de recherche, plutôt que de les confiner dans un rôle de simple technicien qui ne fait qu’appliquer des protocoles, sous peine d’être réprimandé par les autorités de santé.

5. A mi-chemin

Au final, rédiger un article sur un blog est pour moi la conjoncture de ces multiples sources de savoir plus ou moins référencées : il y a le savoir transmis de manière orale, celui des ouvrages médicaux, mais aussi celui que je ne peux malheureusement que supposer concernant les médecines alternatives, et enfin les éléments d’expérience personnelle ou rapportée que je peux y ajouter.

Bien que mes connaissances puissent encore facilement se teinter d’erreurs diverses et variées, vu que je suis encore loin d’être un médecin à part entière, j’essaie de limiter au maximum les informations erronées. Je vérifie au mieux les points du sujet pour lesquels je ne suis moi-même pas sûre d’avoir tout compris et les points pour lesquels je me pose des questions concernant leur validité.

La prochaine fois où vous me demanderez des références, ne soyez pas surpris si je ne vous réponds pas par des EBM et des références d’essais cliniques, c’est simplement le reflet de la nature de ma formation. De la technique, des résultats tout d’abord, le reste, c’est optionnel…

Cela vous surprend-il ?

Crédit photo : stock.xchng






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15 Réponses de “La source !”

  1. oblv dit :

    Ce n’est pas particulièrement surprenant, dans le sens où on ne vous forme pas à devenir des chercheurs en médecine, si je ne me trompe pas. On tient d’abord à ce que vous devenez plus tard des médecins dans le secteur pro, que ce soit en hôpitaux, centres, cabinets, etc. Du coup, ce qu’on vous enseigne doit être surement lié à « Comment je fais pour traiter un patient de type A, B, C, etc ? ».

    J’ai beaucoup aimé cette petite phrase : « L’histoire de l’aspartame (futur candidat pour être reconnu cancérigène) » ! J’aurais bien aimé en savoir plus !! Mais à l’heure actuelle, j’ai aussi l’impression que finalement, tout est cancérigène. A se poser la question de la légitimité du caractère « cancérigène », qui, pour l’instant, n’a que la propriété suivante : Est cancérigène ce qui a des probabilités/chances/possibilités de provoquer un cancer chez l’individu. Or, de mon point de vue, si on se fixe à cette définition, trop de choses sont cancérigènes. Le pire dans tout ça, c’est que si scientifiquement elles sont prouvées cancérigènes, alors on est censés abolir ces produits en question. Pourtant, on les garde en vente (cf. déodorant, par exemple) ; j’ai envie d’en conclure que d’un côté, il y a ceux qui doivent vendre des produits, de l’autre les « gardiens de la santé », et enfin, en entre-deux, ceux qui ne connaissent pas la vérité sur le « Est-ce vraiment cancérigènes ? Oui, mais la probabilité est si basse… Et socialement parlant, tout le monde met du déodorant… Je devrais surement suivre la mode, au risque de passer pour un crado ».

    Ah. Je viens de me relire, et je viens de m’apercevoir que je suis hors-sujet. Bon… Tant pis !

    • Ludivine dit :

      Il est certain que l’on nous forme pour devenir des techniciens de la santé compétents et non des chercheurs, cependant traiter des patients, ce n’est jamais de la théorie, toujours de la pratique et le patient A peut-être mélangé au patient B. Évidemment, on sait s’adapter, mais cela pose beaucoup de questions dans les cerveaux des médecins, qui ont souvent du mal à trouver des réponses, notamment sur l’aspect « humain » de la technique, qui n’est pas assez abordé (vaguement survolé avec des mot-clés).
      Pour l’aspartame, il y a eu assez de reportages TV ces derniers temps sur le thème il me semble non ? Personnellement j’ai survécu à l’étape du tout est cancérigène, et j’ai plutôt adopté la nuance : « les produits transformés sont cancérigènes ». Du coup, la sentence est claire pour l’alimentation : faut se remettre à la cuisine maison…

  2. Hervé dit :

    Compliqué cette histoire des sources citées ou non…

    Pour ma part, je cite beaucoup car j’ai été formé à cela, car j’aime cela, et car j’ai des professionnels qui me lisent. Mais cela me prend un temps absolument considérable en recherche et en analyse !

    En définitive, mieux vaut aucune citation par une personne bien intentionnée et compétente qu’une tonne par un escroc cherchant ainsi à abuser ses lecteurs.

    • Ludivine dit :

      Oui, compliqué c’est peu de le dire ! D’autant plus que si nous suivons cette logique de la référence, de la preuve, toute pensée devrait avoir été au préalable confirmée par une étude avant de pouvoir être formulée. On en arrive rapidement à tourner en rond, mais comme tu le dis bien dans ta dernière phrase, ce n’est pas forcément parce que toutes les références sont citées qu’elles vont être lues par les lecteurs ; elles peuvent juste avoir un effet illusoire de fondement scientifique. Cela me rappelle une citation de Bonaventure des Périers qui disait « il vaut mieux tomber dans les mains d’un médecin heureux que d’un médecin savant ». Une autre manière de reprendre ta pensée, mieux vaut tomber entre les mains de quelqu’un qui nous veut du bien plutôt que dans les mains de quelqu’un qui se contente d’appliquer ce qu’on lui a appris sans chercher plus loin.

  3. Salut Ludivine,

    Intéressant ton questionnement… On voit que tu poses la question dans l’exercice de ton métier.

    Ce qui me fait dire que tu n’auras rarement qu’à révéler tes sources, c’est ton diplôme, la « qualification de médecin ».
    Si ce n’est à des professionnels comme mentionné par Hervé.

    Et encore, cela dépend des contextes. Dans la recherche, il est évidemment d’usage de les citer, cela fait partie de la démarche du scientifique.

    En tout cas, « au grand public », même si, dans l’absolu, ce serait mieux, le simple titre de médecin suffit à établir la confiance. Car la somme des sources a normalement permis d’établir toutes les connaissances médicales que vous apprenez, et celles-ci se retrouvent normalement dans votre tête une fois le diplôme obtenu. C’est en tout cas se que se disent la plupart des gens.

    C’est ainsi qu’on fait confiance à une « certification » plutôt qu’à des références que chacun pourrait, s’il le souhaitait, aller vérifier par lui-même.

    En tout cas, cela pose plein de nouvelles questions très intéressantes :

    - Jusqu’où vérifier ton propre savoir de médecin ? C’est peut-être une démarche plus responsable de vérifier certaines choses avant de les appliquer que de les appliquer quotidiennement sans réfléchir.. Mais, en même temps, tout vérifier est clairement impossible.

    - Ne pas citer les sources, c’est aussi ne pas chercher le « pourquoi », le « comment », c’est donc ne pas vraiment réfléchir comme tu le dis. Du coup, avant même le patient, quel degré de confiance vous, médecins, pouvez-vous accorder à votre savoir ? Une démarche de remise en question (pas tout le temps bien sûr) me paraît primordiale, notamment en médecine, où le sujet en question est une personne, sujet ô combien complexe et « multi-disciplinaire ».

    - Si vous médecins avez oublié vos sources, vous êtes pourtant les sources d’infos de vos patients, qui plus est, les sources principales de confiance du fait de votre titre. Ainsi, votre influence est énorme sur la plupart d’entre nous qui n’avons que le médecin attitré comme source d’infos fiables sur la santé. Attention, sous diverses influences, de ne pas en abuser ( j’étudie le marketing en ce moment, et ça m’énerve, c’est peut être lié ; )

    - Enfin, quand tu dis cela « La médecine actuelle est fondée sur l’EBM, les preuves scientifiques tirées d’études à grandes échelles (souvent financées par des laboratoires) sur des populations de personnes malades et non malades. » : si c’est vrai, c’est assez effrayant ! Je n’ose pas imaginer que la médecine actuelle ne soit pas plutôt la somme de toutes les connaissances accumulées au cours des siècles de recherche et de pratique, et pas seulement le résultat des recherches financées par des labos pharmaceutiques…

    Au final, tu parles du métier de médecin en devenir comme étant celui du technicien, je dirais que le métier converge vers celui de praticien (comme il l’a toujours été) ultra-spécialisé (pour l’avoir un peu pressenti – je fus ingénieur dans la neurochirurgie guidée par l’image).

    Je ne sais pas ce que tu en penses,

    Romain

    • Ludivine dit :

      Bonjour Romain et merci pour ce commentaire très complet (je pourrai en faire un complément d’article ;) ). A l’heure actuelle les médecins sont clairement -encore- des références pour la population en matière de connaissances. Néanmois, je pense qu’il y a des limites de plus en plus rendues visibles par l’invasion du net dans les foyers. Il arrive régulièrement que des patients atteints de maladies chroniques en sachent tout autant sur leurs maladies que les spécialistes, car ils ont fait des recherches, ils consultent les études publiques etc. Même si ils n’ont pas une compréhension globale du corps humain, sur le plan pratique, leurs connaissances sont tout aussi utiles. Il y a donc, comme le dit Phelly dans son commentaire, un train de retard dans la formation des futurs médecins. Nous sommes cantonnés à nos ouvrages durant les 6 premières années, alors que la médecine a déjà écrit plusieurs milliers de page entre la date de parution de l’ouvrage et le présent. Pour reprendre tes points :
      - jusqu’où vérifier mon savoir ? Alors là j’en ai déjà discuté avec moi-même et je pense que le mieux que je puisse faire, c’est de faire des recherches au coup par coup en fonction des patients et des situations que je rencontrerai au fil du temps. Après, il y a déjà beaucoup de médecins qui se sont posés des questions, ont écrit des ouvrages pertinents, des blogs indépendants de médecins etc. à moi de trouver « des sources » pertinentes.
      - quel crédit accorder au savoir que l’on nous transmet ? on rejoint un peu le premier point. Au début je crois qu’il n’y a pas trop le choix car pour avoir ses examens il faut rentrer dans le moule. Après, on peut se permettre d’être un peu plus critique et curieux.
      - j’ai déjà un peu répondu dans l’introduction, mais pour compléter sur les influences, il est clair que les médecins ne sont pas plus difficiles à enrôler que les humains non médecins. Lorsque l’on voit les effets des visiteurs médicaux sur le taux de prescription d’une molécule, y’a pas à dire, on est les clients des laboratoires, alors pourquoi ne pourrions-nous pas être les clients d’autres marketeurs ?
      - il me semble que les EBM ont moins d’un siècle, et depuis, tout ce qui veut être commercialisé du côté médicament doit passer par cette étape ; c’est clairement un biais catastrophique car l’argent se retrouve au centre de l’affaire ; il faut donc avoir de l’argent pour faire des preuves. Après sur ce point, je te dis les choses comme je les ressens au vu de ce que l’on m’enseigne, je n’ai pas fait de recherches approfondies sur la question.
      Et puis le médecin technicien, c’est une simple constatation de la formation que j’ai suivie ces 6 dernières années. Le mot empathie rapporte des points dans les grilles de correction, mais qui nous a montré en pratique ce que c’était ? Pas de cours, pas de mise en situation, donc qui saura l’appliquer dans la réalité ?

  4. Sorin dit :

    Il y a une phrase qui m’a accroché dans cet article :

    « Imaginons que je veuille me lancer dans la vérification de tout ce que l’on m’enseigne ; il faudrait plusieurs vies pour tout documenter ».

    C’est bien. Tu auras publié plein d’idées pour tes articles.

    C’est bien aussi je trouve de « remettre en cause tous les fondements du quotidien du médecin »

    Pourquoi en tant que médecin surtout, ne pas mettre en cause les habitudes concernant la prévention aussi ?

    La plus part de gens sont « formatés » pour attendre que la maladie s’installe dans leur organisme.

    Effectivement, la plus part de gens ne réagissent que lorsqu’ils sont malades.

    La publicité sur les médicaments envoie les gens chez leur médecin ou directement à la pharmacie une fois qu’ils sont malades.

    Il n’y a pas beaucoup d’information en échange sur : comment faire pour éviter la maladie.

    Je me demande pourquoi ? C’est bizarre, je trouve. Ce n’est pas une question d’argent ?

    Être guéri d’une maladie c’est vraiment très, très bien. Je le pense sincèrement.

    Éviter de tomber malade, je trouve que c’est encore mieux. C’est ce que je fais depuis trois ans. J’utilise la prévention. A votre avis, ma méthode peut-être cancérigène ou pas ?

    http://bit.ly/h4YcIv

    Bien amicalement,

    Un autre hors-sujet.

    • Ludivine dit :

      oui, c’est vrai que ça risque de me faire des sources d’articles à venir, toutes ces choses établies et qui ne me semblent pas toujours logiques… Tu soulèves ensuite un point qui me travaille de plus en plus ces derniers mois et qui me pose problème dans ma formation : l’obsession de recoller les morceaux et non de prévenir les dégâts. Mais, pour faire de la prévention il faut être motivé et éduqué, ce qui est loin d’être l’objectif actuel que ce soit en médecin ou plus généralement dans la société. Société de consommation et prévention, ça ne fait pas toujours bon ménage. Arrêtez de fumer… mais regardez cette nouvelle marque de cigarettes ultra-légères (elles ne peuvent pas vous faire trop de mal) que l’on vient de sortir ! Venez les essayer. Bref,… c’est un pari complexe. La prévention je la fais tous les jours sur moi-même, et je ne peux que t’encourager à poursuivre ta démarche.
      J’ai regardé ton article sur le propolis, que je ne connaissais pas, ce qui m’a ramenée à un livre qui s’appelle  » médecines alternative : le guide critique » où j’ai trouvé un article sur le propolis. Sur ta question : cancérigène ou pas ? Honnêtement je n’en sais trop rien, je dirais spontanément non vu que c’est un produit naturel. Après attention aux quantités, c’est comme pour tout : pas d’abus, pas d’excès ! Après, il faudrait que tu détailles l’utilisation que tu en fais, combien, comment, pour quelle indication etc. Les médecins aiment bien connaître les détails, ça permet de relever des points qui font que ça peut déraper ou que non pas du tout, c’est sans risque. D’un point de vue pharmacologique, l’action est antibactérienne, antifongique (champignons), antivirale et antiinflammatoire. La seule précaution d’utilisation est de ne pas l’utiliser chez des personnes allergiques aux piqures d’abeilles. Le prix est également cité comme frein en regard des molécules conventionnelles. Je te passe les détails, mais il semblerait que ce soit efficace dans certaines maladies, mais ils ne parlent pas de prévention, uniquement de traitements. Voilà pour cette réponse hors-sujet.

      • Sorin dit :

        C’est très gentil de ta part de me répondre en tout cas. Je ne m’attendais même pas.

        En tout cas mon intention, n’était pas de te contrarier.
        Contrairement à ce que font tes copines.

        Bien amicalement,

        P.S.
        Je te souhaite beaucoup de succès avec ton blog et sur le plan médical.
        Et en cas rhume, essaies la propolis pour voir. Tu la trouve en pharmacie.

  5. CA dit :

    Bonjour,
    Votre article est très intéressant parce qu’il met l’accent sur la formation des médecins et qu’il indique clairement qu’ils sont formés pour être des techniciens programmés pour suivre des recommandations et non pour réfléchir sur des connaissances.
    Je suis une scientifique de formation. On croit que les médecins reçoivent une formation scientifique alors que c’est faux. La formation d’un scientifique est de réfléchir à la connaissance tout le contraire d’un technicien. Mais je précise que cela tient aussi à la personnalité : il y a des scientifiques qui ne réfléchiront pas à la connaissance comme des techniciens qui le feront, cela dépend donc aussi voire principalement de la personnalité de l’enseigné ET ce sont ces personnes qui font évoluer les systèmes éducatifs pour l’ensemble faisant en sorte que la formation soit de qualité pour tous.
    Vous avez donné LA clé fondamentale dans cet article : celle qu’on fait les essais sur des malades. La vraie démarche scientifique veut que l’on connaisse parfaitement l’état initial afin de ramener à cet état initial s’il y a déséquilibre. L’état initial de l’être humain n’est PAS la maladie mais la SANTE. De vraies études scientifiques de médecine devraient inclure une formation et une compréhension complète sur la SANTE ! Ce qui est tout l’opposé de ce qu’on enseigne. En tant que scientifique j’ai le devoir de faire ce que je considére scientifiquement juste et d’avoir humainement le courage de le faire. Ce que j’ai fais. Ainsi aujourd’hui je travaille dans le domaine de la SANTE et je me définis comme une spécialiste de la SANTE. Ainsi quand les gens viennent à moi avec des symptômes déclarés en voulant me donner le nom de leur maladie je leur réponds : « non, ne me donnez pas le nom de votre maladie, ça c’est pour le médecin, je ne suis pas médecin, je suis spécialiste de la santé (pour ramener les gens qui viennent à moi à la santé et là tout coup ils prennent tous conscience que ça c’est la logique), donnez moi seulement les symptômes. » Ensuite nous avançons ensemble pour comprendre ces symptômes dans le but de retrouver l’état initial de santé et de comprendre pourquoi on est sorti de cet état de santé initial. Mes consultations durent 1h30 pas les 15 min du technicien programmé pour suivre des recommandations. Je précise que j’ai une formation pure et dure de physico-chimiste donc je sais de quoi je parle et que j’enseigne aux personnes à coopérer avec les molécules chimiques et les médecins spécialistes des maladies et non à les rejeter tout en ramenant les individus à l’état de SANTE qu’ils veulent retrouver. C’est ça la guérison : retrouver sa santé qui est l’état naturel du corps. Oui il faut un changement radical dans la manière de former les médecins c’est LA clé. Il faut de l’éthique dans le milieu de la médecine et non du commerce à la solde des laboratoires pharmaceutiques qui ont avantage à ce qu’on prenne la maladie comme référénce et non la santé alors que la logique scientifique veut que cela soit l’inverse. Vive la vraie science que j’adore par dessus tout parce qu’elle est bonne et ne trahit jamais celui qui cherche et s’interroge vraiment coeur et tête ouverte et les personnalités de tout horizon qui réfléchissent à la connaissance afin d’améliorer cette connaissance et de bâtir des formations meilleures pour les générations futur. « S’enseigner » « Partager » les uns les autres c’est une caractéristique fondamentale de l’être humain.

    • Ludivine dit :

      Merci pour votre commentaire très complet auquel j’adhère. Je regrette également cette absence de prise en compte de la santé en tant que telle, par exemple nous n’avons aucun cours sur « comment rester en bonne santé ». J’ignore si cela est dû au fait que les médecins s’imaginent que cela coule de source (pas pour moi en tout cas !) ou bien car ils n’ont pas conscience que la prévention est bien plus puissante que ne pourra jamais l’être une molécule curative. Mais je vous rejoins parfaitement sur votre mode de pensée, éduquer les gens pour qu’ils apprennent à préserver leur santé et à la retrouver me semble bien plus utile que de prescrire des médicaments eux-mêmes riches en effets secondaires délétères qui obtiendront un retour à un état de santé tout aussi précaire puisqu’ayant permis l’installation de la maladie.

  6. Phelly dit :

    Bonjour

    Je suis bibliothécaire en Santé et votre billet m’interpelle.

    A l’heure où de plus en plus de patients se renseignent par ailleurs sur internet, est-ce que les médecins qui se satisfont des seules recommandations de sociétés savantes ne vont pas droit dans le mur?

    Le médecin n’est plus aujourd’hui une autorité de part son seul statut : il doit gagner son « autorité » en faisant ses preuves et en montrant à ses patients qu’il sait aller chercher des informations fiables, pertinentes et actualisées sur leur problème.

    J’attends aujourd’hui de mon médecin autre chose comme réponse que « la pédiatrie conseille » quand je lui demande si le lait de croissance (avec vaniline et sucre ajoutés) est meilleur que le lait de vache, pour mon fils de 14 mois.

    Des recherches complémentaires sur PUBMED (filtres « practice guidelines », « meta-analyisis », « controlled randomized trials ») permettent d’aller plus loin que les simples recommandations franco-françaises et devraient permettre à tous les praticiens
    - de se renseigner sur ce qui se fait à l’étranger en terme de recommandations
    - de confronter ces recommandations avec les derniers résultats de l’EBM, grâce au travail indépendant de méta-analyse et de revue systématique fait par la Cochrane Collaboration.

    En outre, il est facile de créer des alertes mails pour recevoir les dernières informations sur un sujet.

    Je reconnais que tout cela prend un peu de temps. La presse médicale (indépendante) pourrait prendre le relais pour synthétiser les informations. Je ne suis pas une lectrice de cette revue, mais j’imagine qu’on trouve dans la revue Prescrire certaines informations sur ces sujets?

    En tout cas je suis d’accord avec les commentateurs qui pointent une faiblesse de la formation initiale des praticiens à ce sujet. Après le concours, tous les internes devraient être formés aux principes de la veille et de la recherche d’information à la source sur un sujet.

    • Ludivine dit :

      Bonjour Phelly, merci pour ce commentaire instructif. De par votre métier vous êtes en quelque sorte une « privilégiée » car vous savez comment accéder à des connaissances pertinentes, ce qui n’est pas forcément le cas de la plupart des personnes faisant des recherches « santé » sur le net. Je partage « malheureusement » votre avis sur le fait qu’un médecin ne peut actuellement plus se contenter des recommandations officielles pour être « un bon médecin » que ce soit dans le sens humain ou en termes de connaissances.
      Par contre je trouve cela extrêmement angoissant, car la plupart des revues ne sont pas très pertinentes en matière d’information, elles reprennent les recommandations, parlent des dernières nouveautés techniques sans offrir de « vue d’ensemble ». On a des bribes, mais tout le travail de synthèse est à faire. J’attends sur ce point et avec une certaine « impatience » de voir ce que la formation d’interne en médecine G propose. Ce sera l’occasion d’étoffer cet aspect de la formation par d’autres articles.

  7. partie dormir dit :

    En tant que specialiste de l’information scientifique, j’ai ete particulierement interessee par cet article. J’ai note deux phrase qui m’ont fait reagir :

    La premiere :
    « nous ne sommes pas réellement formés pour évaluer la validité, la crédibilité de nos cours »
    àa peut paraitre provocateur, mais c’est tout de meme aussi le cas de la quasi totalite des enseignements superieurs. En effet, on ne demande pas de redemontrer quoi que ce soit de ce qui est enseigne, on se contente d’apprendre les cours tels que proposes par les enseignants. Seuls quelques rares petits curieux vont creuser de temps en temps un point precis a la BU. Pourquoi alors, la formation des medecins differerait-elle ?
    Il me semble qu’il serait par contre interessant d’apprendre aux futurs soignants quelques regles simples d’ecoute et de bon sens. mettre de l’humain autour du technique, ça ne peut qu’etre profitable a tous.

    Pour la seconde phrase :
    « mais il y aurait peut-être une solution intermédiaire à imaginer »
    Oui, cette solution existe, c’est celle choisie par quelques scientifiques et medecins qui ont decide de faire de la veille et de l’information, la solution des « lanceurs d’alerte ». Mais c’est un chemin difficile.

    • Ludivine dit :

      Une fois de plus, merci pour cet instructif commentaire. Je ne connaissais pas du tout le terme « lanceurs d’alerte », mais à la lecture de quelques articles sélectionnés par notre ami google, je dois dire que plus je me renseigne et plus je m’interroge sur ce que l’on voudrait que je devienne et ce que j’aimerai devenir. Cette réflexion est en quelque sorte la voie inévitable lorsque l’on commence à observer de plus près les fondements de notre environnement matériel ou philosophique. Inciter les étudiants à réfléchir, c’est un peu risqué, certains pourraient prendre trop de libertés. Pourtant, concernant la médecine, l’introduction récente de la LCA lors du deuxième cycle est déjà un plus, les étudiants sont à présent à même de soupeser la pertinence des études que l’on utilise pour faire « preuve » de la légitimité des recommandations… ou pas.
      Pour mettre plus d’humanité dans la technique, m’en parler c’est prêcher une convaincue !

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